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Substrat - N° 3

N°3-"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué", 2004, acrylique sur toile, 195 x 97 cm.

« Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes. » Jacques Rouxel (1931-2004) (1).

 

N°3- Je pompe donc je suis.

Cette peinture a été réalisée en hommage à Alfred Courmes. Peintre français né à Bormes-les-Mimosas (Var) 1898 et décédé à Paris 1993 (2). Je me suis inspiré avec passion de sa peinture intitulée "45% de BA" (1961, Huile sur toile, 162 x 130 cm., collection Robert Mock), qui représente l’étiquette ronde des boites de camembert normand ? En lettre dorées sur fond violet est écrit : PEINTURE FAITE EN POESIE PAR ALFRED COURMES PARIS SEINE ; Ce cadre circulaire cerné intérieurement d’un cercle rouge, enferme l’image de Saint Sébastien attaché à un pommier en plein champs où au loin une vache le regarde perplexe. "La petite fille du chocolat Menier" a déposée son parapluie et son panier pour venir lui retirer délicatement les flèches planté dans son corps. Le saint la regarde avec inquiétude car elle change complètement le dénouement et donc le sens de son martyre (3). 

« Aïe ! Ouille ! Atchoum ! Berk ! Blablabla ! Bof ! Brrr ! Glouglou ! Han ! Hem ! Hum ! Hop ! Hou ! Miam-miam ! Ouf ! Ouste ! Peuh ! Pouah ! Pouih ! Patati Patata ! Psitt ! Scrogneugneu ! Sniff ! Zou ! Schbloing ... »

A sa manière, Jean-Bernard Pouchous a donc réactualisé l’image de la petite fille du chocolat Menier. Evidemment il n'a pas pu résister à ajouter en référence le logo du Maître du canal Saint Martin quand il voulait affirmer sa garantie picturale: SYNDICAT DE LA BONNE PEINTURE REALISTE - ORIGINE GARANTIE - QUALITE CONTROLEE - En y rajoutant mes initiales  J B P et  FRANCE, ainsi qu’en PLUS petits caractères ORIGINE GARANTIE  QUALITE CONTROLEE.

Courmes cite lui-même ses sources en écrivant sur sa toile : La petite fille d’après Firmin Bouisset. Le décor d’après une création Imp. Malherbe, Caen.

Firmin Bouisset (1859-1925) s’est fait connaître surtout pour ses affiches publicitaires, notamment la petite fille du chocolat Menier qui n’était autre sa fille Yvonne qu’il utilisa comme modèle lorsque la société l’embaucha en 1892 et dont l’image en train de peindre le nom de Menier avec du chocolat deviendra l’image de Menier avant d’être reprise sur un grand nombre de publicités de la société Menier et sur ses produits emballés, ainsi que sur des articles promotionnels tels que crémiers, bols, sucriers, assiettes, ensembles de boites, cendriers, thermomètres, porte-clés, et jusqu’à des livres d’exercices pour enfants.

« Mais un jour, avant d'attaquer mon tableau, j'ai vu une belle boîte de camembert. L'accord du paysage à l'intérieur et du tour rouge et violet était très joli. J'ai dit :  Ça, pour mon saint Sébastien, ça fait un décor tout trouvé. » 

«  Ah ! Vous êtes comme moi, vous êtes l’homme du coup de rouge ! »

Les appellations d'origines ne sont ni des marques commerciales, ni des modèles déposés, mais des certifications officielles de provenance et de savoir-faire délivrées par un organisme dépendant d'un ministère et sanctionnée par un service de répression des fraudes. Les AOC (appellations d'origine contrôlée) identifient un produit, l'authenticité et la typicité de son origine géographique. L’histoire de l’AOC commence avec l’arrivée de Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967) dit le baron Le Roy, vigneron, « Lorsqu'il est arrivé dans le Vaucluse, les viticulteurs de Châteauneuf-du-Pape avaient de graves problèmes : le phylloxéra, la chute de qualité, la tromperie sur la marchandise... » ils firent appel à lui pour remettre de l'ordre dans cette pagaille. Le baron fit d'abord créer en 1924, le syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape, puis, en 1929, le syndicat des Côtes-du-Rhône et de fils en aiguilles cette initiative devint en 1947, une loi permettant la fondation de l’Institut national de l'origine et de la qualité. Organisme privé, doté d'une personnalité civile, le baron fut chargé de ce service public jusqu’en 1967, depuis lors, un système pérenne garantie et contrôle les produits agroalimentaires de qualité française. Le devenir des produits du terroir a ainsi été profondément changé, de quoi rendre jaloux Alfred Courmes en tant que peintre s’qualité, avec 45 % de Beaux Arts, origine garantie, qualité contrôlée, par le syndicat de la bonne peinture réaliste française. Pourquoi garantir l'origine de produits alimentaires traditionnels, issus d'un terroir et d'un savoir-faire particulier et pas une production artistique liée à une origine géographique et à certaines caractéristiques de fabrication ?

Ne jamais oublié qu’Alfred Courmes, surnommé "L'Ange du mauvais goût" par ses détracteurs , était né Borméen.

« Cocorico, coin-coin, coucou, cui-cui, hi-han, meuh, miaou, ouaf-ouaf, wouh-wouh... »

"Allez les Gibis ! " - C’était  il y a longtemps... Non, il y a très, très, très longtemps... En ce temps-là, la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui, et la télévision d’alors qui s’appelait encore ORTF, était reconnaissable à son horloge, et n’avait qu’une seule chaîne en noir et blanc.  Un beau jour, ou plutôt un beau soir, de 1968 - c’est fou le nombre de conneries qu’on a pu faire cette année-là -, le 29 avril 1968 très exactement, entre le journal présenté par Léon Zitrone (1914-1995) et le grand film du soir, apparurent de drôles de bipèdes, débiles et hauts sur pattes, dont la principale préoccupation, outre de pomper, était de fuir une planète multiforme en inventant un tas de trucs qui ne fonctionnaient jamais.  Après deux minutes d’émission, ils disparaissaient dans un grand fracas de verre pilé, comme s’ils avaient jeté un pavé dans la mire et pulvérisé l’écran. C’est ainsi que les Shadoks firent leur entrée dans le paysage audiovisuel  français, pour être interdits d’antenne treize jours plus tard, alors que le quartier latin était à feu et à sang et le pays paralysé par une grève générale. Depuis, des sociologues ont tenté d’expliquer ces « événements » à l’aide d’arguments de toute sorte.   Aujourd’hui, cependant, on connaît les vrais responsables... Ce sont les Shadoks. Certains slogans brandis par les manifestants d’alors comme « la liberté d’expression n’existe que pour ceux qui n’ont rien à dire » ne semblaient-ils par venir de leur planète ? Les Shadoks et leur logique à toute épreuve revinrent en février 1969 sur une deuxième chaîne et cette fois-ci en couleurs, et allaient à nouveau perturber les dîners des français et faire pleuvoir sur l’ORTF une avalanche de courrier. Jacques Rouxel, père des Shadoks, a réussi à couper la France en deux entre les pro- et les anti-shadoks, montrant du même coup que la moitié de l’humanité est plus bête que la moyenne.

Cette peinture a également été réalisée en hommage à Jacques Rouxel. Dessinateur français Né à Cherbourg le 26 février 1931 et décédé à Paris le 25 avril 2004. Jean-Bernard Pouchous s'est inspiré avec passion du graphisme et les couleurs de Rouxel en les mixant à l’affiche de com. : ENTARTETE KUNST - Ausstellung von "kulturdokumenten"- Des bolschewismus und jüdischer - Zersetzungsarbeit. VOM 4.III.bis 31.III. 1936 - Was wir in dieser interessanten - Schau schen, wurde cinmal - Ernst genommen !!!!! Nous y sentons bien la simplification et la géométrie qui se généralisait à cette époque en Europe. (Gelstat) Pour mémoire c’est en Russie que cette histoire de "lay out" a commencé, lors du défilé du 7 novembre 1918, Nikolaï Kolli promène dans les rues une construction intitulée Le Coin rouge. Ce coin enfonce et lézarde un bloc blanc. L’artiste constructiviste El Lissitski installe ce thème en affiche en 1920. "Le coin rouge enfonce les blancs", affiche de la guerre civile en 1920. Première affiche politique abstraite, tentative de commu­nication ultime, elle fonctionne uniquement sur l’agence­ment des formes et des couleurs. Le triangle en diagonale dynamique rentre dans le rond cerclé de noir en repli sur la droite.

Ces images ont marqué et influencé les créateurs contemporains. À tel point qu’en 1936, quand les nazis organisent à Munich l’exposition itinérante nazi sur l’Art dégénéré (en allemand : Entartete Kunst) (4) pour interdire l'art moderne en faveur d'un art officiel appelé l'« art héroïque », son auteur Vierthaler inverse significativement l’affiche d’El Lissitski.  Le triangle noir enfonce le cercle rouge, le dynamisme attaque l’enfermement, le masculin perce le féminin.

Jean-Bernard Pouchous a connu Jacques Rouxel alors qu’il était créateur-associé des studio aaa (animation art-graphique audiovisuel) ou il produisait courts-métrages et séries de commande à vocation éducative, institutionnelle ou publicitaire empreints d’humour et de poésie et marqués d’inlassables clins d’oeils Shadokiens.

Au centre de la peinture intitulée "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué", il y a une table circulaire en chêne massif devant deux chaises paillées. Sur la table, autour d’un magnifique gâteau au chocolat dont il manque un morceau, sont dispersés divers ingrédients et ustensiles utiles à sa fabrication, tel que : plaquette de chocolat noire à cuire, casserole pour faire fondre le chocolat au bain-marie, cuillères en bois, fouet, plaquette de beurre, pot de miel, saladier en verre rempli de farine, panier à œufs, flacon en verre contenant des décorations multicolores en sucre glacé.

Sous la table, une enfant assise tient de la main gauche posée sur son genou, un morceau du gâteau au chocolat. Elle montre à son ours en peluche, en élevant le doigt vers le ciel, que le reste du gâteau est au-dessus d’eux, sur la table. Le nounours de la petite fille du chocolat Meunier possède une mèche sur le côté et une petite  moustache brune qui rappellent de très mauvais souvenirs.

« Non ! t’as pas le droit au gâteau, c’est de l’art mode… » le bord du tableau coupe la phrase en plein élan dont nous ne saurons jamais la fin, donc l’explication.

« Un regard d’enfant enregistre vite. Plus tard, il développe l’épreuve. » Jean Cocteau dans  "Portraits-souvenirs" (5).

La "pensée désirée" est une forme particulière de "pensée magique" caractérisée par la formation de croyances et de prises de décisions selon ce qui est “plaisant d’imaginer” au lieu de faire appel à des preuves ou à la rationalité. La publicité comme la politique font beaucoup appel à la "pensée désirée" ou magique afin de motiver le consommateur ou le militant. Une sorte de roue de secours quand la pensée a crevé (6).

« Nous ne consommons plus des oranges, mais de la vitalité ! » Aldous Huxley (1963-1994) dans "Retour au meilleur des mondes" (7).

Quand quelqu’un sait ce qu’il veut, il n’a aucunement besoin de publicité ou même de stimulation quelconque pour y croire, ni des paroles d’un agent de communication ou de marketing ou les écrits plus ou moins imagés d’un "coatch" ou chef plus ou moins toqué pour avoir du désir, mais tout simplement d’une bonne recette, d’une cuisine en état de marche et de tous les outils et ingrédients nécessaires :

Recette n° 1482. -  Gâteau au chocolat.

Préparation : 20 min. - Cuisson : 50 min.

90 gr. farine.                            70 gr. beurre.

140 gr. chocolat.             4 œufs.

140 gr. sucre.                  1 c. parfum liquide.

(Rhum, kirsch, fleur d'oranger).

Casser le chocolat, le mettre à fondre avec le beurre à feu très doux. Ajouter à cette pâte les jaunes, l'un après l'autre, la farine, le sucre. Mettre les 4 blancs battus et le parfum liquide. Verser dans un moule bien beurré et faire cuire à feu très doux pendant 50 minutes. Au sortir du four glacer au chocolat (1375). Garnir ensuite avec des fruits confits (cerises, orange et angélique).

Recette provenant de : "Je sais cuisiner" écrite par un groupe de cordons bleus (8).

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

N°3-Bibliographie :

N°3-1- Jacques Rouxel, Les Shadoks et le Désordinateur, éd. Circonflexe, 2000.

N°3-2- Gilles Bernard, Vitalie Andriveau, Alfred Courmes, éd. Le Cherche Midi, 2004.

N°3-3- Jacqueline Stany, Le tour du monde en 120 images par Jacqueline - histoires vécues par Jacqueline, la petite fille du chocolat meunier, éd. Grand Concours Meunier, 1956.

N°3-4-Jean-Michel Palmier, L’Art dégénéré - Une Exposition sous le III e. Reich, éd. Jacques Bertoin, 1992.

N°3-5- Jean Cocteau, Portraits-souvenirs, éd. Grasset, coll. Les cahiers rouges, 1984.

N°3-6- Chantal Hurteau Mignon, L’émergence du magique dans la pensée - La pensée de secours, éd. L’Harmattan, 2000.

N°3-7- Aldous Huxley, Retour au meilleur des mondes, éd. Pocket, 2006.

N°3-8- H. Delage, G, Mathiot, Un groupe de cordons bleus, Je sais cuisiner, éd. Albin Michel, 1932.

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