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Dingbat - N° 2

N°2-"Chocking Chair - Pachuca",  2012, acrylique sur toile, 195 x 160 cm.

 

« Tant que vit la créature

Elle doit porter ses propres vertèbres,

Les ondoiements se jouent

De l'invisible colonne vertébrale.

Tel un tendre cartilage d'enfant,

Voilà comme est le siècle nouveau-né de la terre.

 

Pour libérer le siècle dans les chaînes

Pour donner un commencement au monde nouveau

II est besoin de joindre à la flûte

Les genoux noueux des jours.

 

Mais elle est brisée ton échine

Mon pauvre siècle abasourdi.

Avec un sourire insensé

Comme un fauve naguère souple

Tu te tournes vers l'arrière, débile et cruel,

À contempler tes propres traces.» Alain Badiou, Le Siècle. (1).

 

N°2 - A- Pluie d'or.

La peinture intitulée "Chocking Chair - Pachuca",  représente une jeune femme allongée dans un fauteuil pliant appelé "Relax multipostion" ; elle lit une revue féminine style "Enfant magazine". Sa main gauche surgit de derrière la revue, ouverte au ciel.

Le Relax est un objet typique des  années 1950/60, il était utilisé comme technique de relaxation corporelle et cachait souvent une gestion du stress souvent lié aux année de guerre vécues dans la décennie précédente. Les hommes et les maris plus précisément craignaient beaucoup l’hystérie féminine que personne ne comprenait vraiment à l’époque. Le terme d'hystérie vient du médecin Hippocrate de Cos (-460 à -370), il est dérivé du mot grec hystera, signifiant l’utérus, c’était tout dire. Dans "La Timée", Platon (-428à-348) en parle ainsi : « L'utérus est un animal qui désire engendrer des enfants. Lorsqu'il demeure stérile trop longtemps après la puberté, il devient inquiet et, s'avançant à travers le corps et coupant le passage à l'air, il gêne la respiration, provoque de grandes souffrances et toutes espèces de maladies. »

Mais revenons à notre peinture, à gauche de la composition, derrière un bac à plantes vertes rempli de lierres est érigé un totem en bois peint représentant 3 chimpanzés montés tous trois, l’un sur l’autre. Le premier, se ferme la bouche des deux mains, le second se ferme les yeux et le troisième se ferme les oreilles de la même manière. Cette représentation serait le symbole fétiche des "businessperson" (business-man, or business-woman) de tous poils.

Au sol, une moquette à carreaux vert et rose est couverte de pièces  plus ou moins dispersées ou parfois organisées en piles. Deux pommes sont par terre également, elles doivent sûrement provenir d’une des sacoches du Relax qui en est remplis.

La présence du fruit défendu consommé par Adam et qui lui serait « resté en travers de la gorge », nous fait tout de suite penser que la femme du "Relax multiposition" serait une Ève du XX e. siècle. Mais, nous écartons tout de suite cette hypothèse car nous savons aujourd’hui que le mot pomme serait du à une erreur de traduction, le mot latin "poma" signifiant fruit dans son sens général.

Cette scène d’intérieur est fermée par une tenture noire décorée d’une double frise de motifs géométriques blancs jusqu’à mi-hauteur du tableau.

En remontant le regard, on constate que s’étend à perte de vue, les constructions d’une espèce de favela, il s’agit de Pachuca (argent) une ville minière mexicaine, appelée aussi "The Cradle of soccer" à Mexico à cause de la passion locale pour le foot.

Une pluie de pièces d’argent et d’or tombe sur l’ensemble du tableau.

Le souvenir de comptabilité organisé en accumulation de pièces en piles sur le sol, nous permet de déduire que la chute de cette manne monétaire se répète.

La dame au Relax serait alors peut-être Danaé, fille d’Acrisios et d’Eurydice, enfermée dans une tour d’airain par son père parce qu’averti par un oracle que son petit-fils le tuerait.  Mais…, Zeus se présenta pour séduire la belle sous la forme d’une "pluie d’or" et c’est ainsi que naquit Persée…

Si on observe bien ces pièces en train de tombées ou déjà tombées du ciel, on s’aperçoit que se sont des euros. Au sol quelques-unes de ces pièces sont marrons foncés, ce qui nous fait pensé que toutes cette monnaie est peut-être en chocolat.

Mais alors, les pommes seraient-elles aussi fausses, des pommes d'or, comme celle du jardin des Hespérides ? Celles qui firent l’objet du Onzième des travaux d’Hercule : Rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides que gardait Ladon, le dragon doté de 100 têtes, chacune parlant une langue différente ?

A moins qu’il ne s’agisse de la pomme de discorde lancé par Éris pour se vengé de n’avoir pas été invité aux noces de Pélée et Thétis sur l’Olympe. « Pour la plus belle » dit-elle en direction de Héra, Athéna et Aphrodite qui revendiquent alors toutes le fruit. C’est Pâris, fils de Priam, roi de Troie qui tranchera par son jugement sur le mont Ida en choisissant Aphrodite qui lui avait promis l’amour de la belle Hélène. L’enlèvement d’Helène à Ménélas roi de Sparte déclenchera la "Guerre de Troie" selon le "serment de Tyndare" aussi  appelé "coalition des cocus".  Tyndare ayant eut lui-même, son épouse Léda séduite par Zeus déguisé cette fois-ci en cygne et qui lui donna d’un même œuf Pollux et Hélène.

Comment s’y retrouver dans tout ces mythes ? je suis paumé !

 

N°2 - B- Dingbat : "NUATETEGES" « Avoir la tête dans les nuages ». En effet, le mot tête se trouve « dans » le mot nuage.

« Le  contemporain est l'inactuel. »    Friedrich Nietzsche.

 

Le poète - contemporain - doit fixer le regard sur son temps. Mais que voit-il, celui qui voit son temps, le sourire fou de son siècle ?

Giorgio Agamben dans son ouvrage "Qu'est-ce que le contemporain ?" (1), propose une seconde définition de la contemporanéité : le contemporain est celui qui fixe le regard sur son temps pour en percevoir non les lumières, mais l'obscurité. Tous les temps sont obscurs pour ceux qui en éprouvent la contemporanéité. Le contemporain est donc celui qui sait voir cette obscurité, qui est en mesure d'écrire en trempant la plume dans les ténèbres du présent.

Mais que signifie « voir les ténèbres », « percevoir l'obscurité » ?

Pourquoi le fait de réussir à percevoir les ténèbres qui émanent de notre époque devrait-il nous intéresser ?

Le mythe maïeutique serait-il de tout les temps et contemporain ?

Apollon est aux âmes ce qu’Artémis est au corps.

Comme la naissance d’un vivant d’une matrice féminine, l’apparition d’une opinion que l’âme engendre n’est pas sans la faveur et le contrôle d’une divinité. De même que la mère de Socrate, Phainarète, a professé sous la protection d’Artémis, son héritier obéit à un dieu (2). Un dieu qui, lui ordonnant de se tenir lui-même à l’écart de la sexualité et de la maternité, le charge de prêter ses soins à la psyché des autres. On peut reconnaître en celui qui impose au philosophe d’accoucher les fils des Athéniens le dieu que Socrate évoque comme le témoin de sa vie et l’inspirateur de sa mission pédagogique, à savoir le dieu de Delphes, Apollon (3). Artémis s’occupe de la génération des êtres en chair et en os, tandis que son frère réserve sa compétence aux âmes viriles, mères des logoi.

L’analogie est tentante, d’autant plus que le texte semble se complaire dans une ambiguïté voulue. Apollon n’est pas nommé mais, lorsque Socrate se flatte d’une relation avec un dieu parallèle à celle entre sage-femme et Artémis, il anticipe ici les propos qu’il tiendra bientôt, en se défendant de l’accusation d’impiété. Au tribunal, il se dira l’envoyé fidèle et dévoué du dieu le plus grec, l’Apollon pythien. Le dieu qui le « contraint » à accoucher les autres est donc vraisemblablement celui-là même dont il se dit l’ « esclave » (4).  Apollinienne et delphique est la mission dont Socrate se sent investi : soigner par la dialectique, c’est-à-dire la maïeutique, les citoyens d’Athènes jeunes, beaux et bons (5).

A l’Artémis des corps et des femmes répond donc un Apollon responsable des accouchements immatériels : Socrate, le philosophe, serait son représentant parmi les hommes. (6)

Pour un antique grec il est tout à fait normal que le puissant Zeus féconde la mortelle Danaé avec une pluie d’or. Aujourd’hui, notre contemporain, être vivant, quel qu'il soit, est en premier lieu un dispositif qui met en relation un extérieur et un intérieur.

Jean Soler, diplomate culturel, dans "La violence monothéiste" (7), évoque qu’il ne sait si l'homme est « un roseau pensant », comme disait Pascal, mais précise qu’il est à coup sûr un tube, avec une entrée et une sortie : « Par l'entrée pénètrent les aliments, solides ou liquides, dont notre corps a besoin pour subsister, et aussi l'oxygène de l'air, qui fournit l'énergie indispensable à la transformation de ces aliments. Par la sortie sont évacués les déchets de ces opérations, avec une double voie secondaire selon que les déchets sont solides ou liquides. Si rien n'entrait pour entretenir la vie, comme le bois entretient le feu, la vie s'éteindrait. Et si rien ne sortait, nous deviendrions énormes et nous éclaterions. »

Les oppositions binaires intérieur/extérieur, entrée/sortie, absorption/déjection sont consubstantielles à la vie. Il n'y a aucune honte à le dire, même si certains préfèrent regarder ailleurs. Et parler de métaphysique.

 

N°2 - C- Dualités.

« Craignons celui qui se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa vengeance. » Friedrich Nietzsche.

Il existe ainsi deux types de dualités : les dualités répétitives et les dualités différentielles, qui introduisent de l'autre, de la dissy­métrie.   La façon dont la vie se perpétue l'illustre bien. Les premiers animaux apparus sur la planète Terre, des êtres consti­tués d'une cellule unique - alors que l'homme en a 10 milliards -, s'allongent et se coupent en deux pour former deux animaux unicellulaires identiques au précédent. Ce procédé - la scissipa­rité - s'est révélé très efficace puisque les bactéries sont toujours là et bien là depuis trois milliards et demi d'années, au point d'empoisonner les hommes, ces nouveaux venus âgés seulement d'une dizaine de millions d'années, si l'on parle des hominidés, et de 50.000 ans à peine, s'il s'agit de nous, le très célèbre et très fat Homo sapiens sapiens.

La reproduction sexuée apparaît, en comparaison, bien compli­quée et bien difficile ! Comme une aberration surgie il y a deux milliards d'années. Si nous ne voulons pas mourir totalement, il faut s'y mettre à deux. Ce qui suppose de trouver, non sans mal pour beaucoup, une (un) partenaire de l'autre sexe, de la (le) séduire, de la (le) disputer parfois à des rivaux (des rivales), avant de pouvoir la féconder (ou se faire féconder par lui). Un lourd handicap qu'ignorent les bactéries, même si nos parcours du combattant ont produit des romans agréables à lire. En contre­partie, ce mode de propagation de la vie présente des avantages que ne possèdent pas les bactéries, qui se perpétuent chacune pour soi, à l'identique. S'il est vrai que la réplication du même est un puissant facteur de conservation du vivant aussi bien que de l'information (la science d'aujourd'hui tend à lier les deux), c'est la diversification qui a permis la spécialisation des cellules, des organes, des organismes, des espèces et des individus, avec, pour effet, une accumulation prodigieuse de possibles. Pour  cette raison, la reproduction sexuée, ce binarisme biologique, a été adoptée par 95 % des espèces vivantes, aussi bien animales que végétales.

La fusion d'une cellule mâle et  d'une cellule femelle issues de deux individus différents conduit a un brassage extrêmement varié de patrimoines génétiques, grâce à quoi pas un individu n'est exactement le même qu'un autre. Si l'environnement vient a changer au-delà d'un certain seuil, beaucoup d'espèces risquent de disparaître, à moins que leur population ne comprenne quelques individus dotés de caractères aptes a assurer leur survie et celle d'une espèce qui, modifiée, sera de nouveau en symbiose avec le nouvel environnement. Vive donc la reproduction sexuée ! Sans compter que, dans la branche de grands singes a laquelle nous appartenons, elle n'est pas dépourvue d'attraits, depuis la chasse à l'autre jusqu'à l'entremêlement des corps, avec accompa­gnements de paroles et de musique. 

La méthode socratique nous permettrait peut-être de voir différemment "Chocking Chair - Pachuca", allons nous avec cette peinture, vers un accouchement immatériel dont l’antique philosophe grec, serait l’obstétricien parmi les humains.

L'oracle de Delphes consulté par Chérophon, ami de Socrate, avait affirmé que Socrate était le plus sage des hommes. Que veut-il signifier par là ? Socrate, respectueux de la parole du dieu, entreprend d'inter­roger les Athéniens les plus réputés pour leur sagesse et découvre, lors de cette enquête, qu'aucun ne possède de véritable savoir. Lui, par contre, l'emporte sur eux tous en cela seulement que, ne sachant rien, il ne croit pas non plus savoir. Son art d'interroger, la «Maïeutique», consiste à forcer l'interlocuteur à développer sa pensée sur une question qu'il pense connaître pour le conduire, de conséquence en conséquence, à se contredire et donc à avouer qu'il ne sait pas. Il faut donc d'abord reconnaître son ignorance en découvrant par l'analyse des opinions que nos croyances sont contradictoires. Puis, à cette igno­rance il s'agit de substituer un savoir dont on puisse développer les con­séquences sans contradiction. Ce savoir n'est pas donné de l'extérieur, comme si l'esprit était un tonneau vide qu'il s'agirait de remplir, c'est au contraire un savoir que chacun porte en soi et dont il faut seulement prendre conscience. La maïeutique c'est l'art d'accoucher les esprits, comme la sage-femme accouche les corps. Une proposition étant don­née, Socrate la confronte avec le plus grand nombre possible d'exem­ples et d'opinions, en la complétant ou en l'élargissant et le résultat, la définition qui s'applique à tous les cas, est l'objet de la science qui a pour but le général. Il faut rechercher ce qu'est chaque chose dans son essence. A la question, p. ex. : qu'est-ce que le beau, l'interlocuteur répond en énumérant des belles choses, belle femme, belle jument, bel enterrement, etc. Il faut remplacer l'énumération par la question : qu'est-ce qui est commun à toutes les choses que j'appelle belles? Socrate ne professe pas un savoir positif, il se borne à mettre sur le chemin de l'interrogation, il arrache l'esprit à la sécurité des lieux com­muns, des idées toutes faites : c'est seulement alors que son interlocu­teur éprouvera la nécessité de rechercher ce qui, au départ de l'interrogation, semblait acquis (1).

La jeune femme assise dans le "Relax multipostions", serait-ce Danaé, en vain, plusieurs fois sollicitée par un milliardaire ou Psyché qui s’impose toujours à nos contemporains comme une nouvelle Vénus qui gardera à jamais  la fleur de sa virginité, pour mieux ruiner ce Zeus omnipotent ?

« Cependant, Psyché, avec toute son éclatante beauté, ne recueille aucun avantage de son charme. Chacun la contemple, chacun lui décerne des éloges, mais personne, ni roi, ni prince, ni même simple bourgeois, ne s’avance, plein de désir, pour prétendre à sa main. On admire, sans doute, son air de déesse, mais comme tout le monde admire une statue habilement ciselée. » (2).

Le périple accompli par Psyché semble, dans un premier temps, placé sous le signe d’une aimantation par le terrible, comme si l’engagement de soi en direction de ce qui focalise l’angoisse constituait un chemin obligé. Monique David-Ménard voit dans une telle aimantation une caractéristique spécifiquement féminine : « Les femmes ont une certaine capacité à vivre et à se représenter des situations sans recours, pas même le recours à une loi qui leur interdirait quelque chose, la seule limite à la menace étant sa représentation aggravée. » (3)

Psyché fait preuve de cette « capacité à vivre et à se représenter les situations sans recours ». Elle reproche à ses parents leurs larmes et transforme en résolution ce qui semblait s’imposer comme destin incontournable : « Pourquoi tarder, pourquoi me dérober à la venue de Celui qui est né pour la perte du monde entier ? »

Dans la décision de s’en remettre à l’inconnu, la métamorphose en travail ne peut se dire que par le biais d’un passage à la limite : risque d’annulation de soi, ensevelissement d’un régime de désir (4).

Les pulsions sexuelles ignorent-elles l'esprit ?

Le Contemporain serait alors celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient de son temps.

Non, ce n’est pas la déesse païenne Psyché, ni l'ensemble des manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité d’un individu appelées "psyché", terme théorique psychologique qui permet d’éviter l’emploi des mots âme et esprit qui gardent avant tout une connotation monothéiste judéo-chrétienne.

Il s’agit bien de Danaé mère de Persée, un roman noir dans une obscure mythologie grecque.

Courroucé, Acrisios met sa fille Danaé et son petit-fils Persée dans un coffre qu'il jette à la dérive. Ceux-ci parviennent à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, il se voit confier par le roi Polydecte la mission de tuer la Gorgone Méduse, dont la chevelure est faite de serpents et dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par  Hermès et Athéna, Persée passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie où il rencontre la princesse  Andromède « celle qui dirige les hommes », qui doit être livrée à un monstre marin suite aux paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre grâce à son épée magique et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydectès, qui a tenté de violer sa mère Danaé en le changeant en pierre. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fuie par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or le roi de cette cité organise des jeux funéraires auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.  

« La surpopulation est le problème fondamental de l'avenir de l'humanité » a dit l’anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009).

L'ensemble des processus par lesquels les individus existants en engendrent des nouveaux capables à leur tour de se reproduire s’appelle reproduction.

La population mondiale est estimée à 7 milliards au 31 octobre 2011 selon les Nations-Unies, alors qu'elle était estimée à 6,1 milliards en 2000, entre 1,55 et 1,76 milliard en 1900 et de 600 à 679 millions d'habitants vers 1700. Cette augmentation de la population tend cependant à ralentir avec une baisse mondiale plus ou moins importante de la fécondité. Le taux de fécondation moyen étant passé de 5 enfants par femme dans les années 1950 à 2,5 en 2010. Le désir d'enfant peut-il s'émousser et conduire à une diminution importante de la population mondiale ? Faudra-t-il rémunérer l’acte de reproduction comme l’a fait Zeus en son temps ?

En 2007-2008 alors que 15 % environ des couples ont des difficultés à faire des enfants, 2 % environ des bébés des pays riches sont issus de la fécondation in vitro, imaginée et mise au point dans les années 1970 et opérationnelle à partir des années 1980.

L’ectogénèse cette nouvelle possibilité de procréation estime pouvoir être au point dans la seconde moitié du  XXI e. siècle. Elle sera présentée sans aucun doute comme un nouveau service attractif pour les populations aisées, service proposé par des professionnels de santé souhaitant au maximum profiter d'un nouveau marché. Ne s'agit-il pas là d'une nouvelle forme de marchandisation du corps humain ?

Un défi à la société humaine, un profond changement de la condition féminine qui mettrait fin à la grossesse mais aussi fin au lien privilégié entre la mère et l'enfant.

La procréation d’un être humain permise par le développement de l'embryon et du fœtus dans un utérus artificiel, assumant les diverses fonctions (nutrition, excrétion, etc.) de l’utérus humain. Ce phénomène modifierait ainsi la notion de maternité et de paternité, provoquant le développement de l’homoparentalité en bouleversant totalement la notion de couple et de famille. L’aspect plus ou moins bricolé de la procréation hétérosexuelle ne pourrait-elle pas s’organiser vers une véritable industrialisation de l’humain ? Tout çà traîne encore plus ou moins confusément dans les cartons des hommes d’affaires ; mais il se trouvera bien un entrepreneur pour en faire un objet de spéculation dans le plus grand secret. Ni vu, ni dit, ni entendu, ce n’est pas au vieux singes qu’on apprend à devenir milliardaire ni à semer une "pluie d’or" sur cet étrange objet nommé "désir".

Historiquement, le feu est le point central d'une habitation, dans la mesure où il procure la chaleur et permet de faire la cuisine. Le foyer désigne ici par métonymie le logement familial. Un ménage (du latin mansio, demeure) est un ensemble de  personnes partageant le même logement et participant à son économie Il s'agit le plus souvent d'une famille. Dans le langage courant, le ménage désigne le couple, par exemple dans l'expression « jeune ménage » pour un couple marié, nouvellement installé dans leur demeure. Par extension, l'expression « se mettre en ménage » est souvent synonyme de vivre ensemble pour un homme et une femme sans être mariés. L’occasion fait le laron, vivre sous le même toit est l’un des désirs les plus fort des jeunes parents et pour certains l’occasion de construire quatre murs et un toit là où c’est possible pour accueillir le premier né, appelé Benjamin ou Désiré, dans le nid douillé du cocon familial.

La ville minière de Pachuca, ville de mine d’argent, est surnommée la bella airosa (« la belle aérée ») en raison des forts vents de nord-est qui y soufflent pouvant atteindre 75 km/h. Pachuca est le type même d’urbanisation sauvage fait de construction improvisées par chaque famille de génération en génération sur les flancs de ses collines. Une majorité des gens de Pachuca comme les cariocas habitent les favelas brésiliennes sont des gens "ordinaires" qui n'ont aucune connivence avec les mafias. Beaucoup d'entre eux ont un travail, comme femme de ménage, chauffeur de bus, de taxi, chauffeur pour les transports touristiques... et même des policiers, donc il ne faut pas oublier que ce sont des personnes pauvres, et non pas uniquement des mafieux, dont les chefs dirigeants habitent pour leur part dans l'« asphalte » des quartiers aisés ou des classes moyennes...

Là comme ailleurs, quand il y a de l’argent, la misère sexuelle s’émancipe des contraintes sociales. Le Mexique est un pays très catholique, l'Église romaine condamne tout acte conjugal volontairement amputé de sa signification procréatrice. Toutefois, comme la sexualité doit être "source de joie et de plaisir", les époux peuvent rechercher ce plaisir et en jouir, tout autant qu'avoir une paternité et une maternité responsables. Mais cette responsabilité et une éventuelle régulation des naissances ne peut se faire que dans le respect de la vérité de la relation, et dans l'expression d'une liberté soumise à la volonté des partenaires. Ainsi le clergé prône-t-il l'abstinence aux périodes fécondes, signe d'amour, de respect, de liberté et de volonté, plutôt que du non-respect de la signification profonde du corps qu'impliquent les moyens contraceptifs artificiels. L'Église catholique promeut toutes les techniques qui permettent aux couples d'avoir des enfants pour peu qu'elles respectent le lien indissoluble entre union sexuelle et procréation. Dans ce cadre l’homme et la femme sont considérés comme co-responsable de leurs actes, de tous leurs comportements et censés pouvoir contrôler leur relation sexuelle en fonction de leur pouvoir à assumer les conséquences psychiques et matérielles qu’une telle relation peut entraîner.

L'explosion de la démographie au  XX e. siècle, la population mondiale passant de 1,6 à 6 milliards d'habitants de 1900 à 2000, a cependant favorisé le soutien aux politiques de contrôle des naissances. Serait-ce en fonction de l’irresponsabilité des procréateurs ? Le contrôle des naissances a fait l'objet, depuis le début du XX e. siècle, de diverses politiques visant à la réduction du taux de fécondité, notamment par le biais de la contraception. Celle-ci est définie par L'Organisation mondiale de la santé (OMS), comme « l'utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de  conception ou l’éviter ». La contraception désigne uniquement les procédés temporaires et réversibles, sinon il s'agit de  stérilisation : castration, vasectomie ou ligature des trompes. Outre la contraception et la stérilisation, les politiques de contrôle de naissances, parfois liée à une conception malthusienne, procèdent aussi par incitations (fiscales, économiques, politiques, etc.). Outre la contraception maîtrisée, la scolarisation, le droit à disposer de son corps, l'accès aux soins, l'augmentation de la durée du célibat des femmes, la parité et l’urbanisation planifiée réduisent la natalité. On appelle responsabilité sociale l'impact subjectif d'une décision dans la société. Elle se rapporte généralement aux conséquences potentielles résultant des actions ou de l'inaction des individus, groupes ou entreprises. Situé aux confluents de deux grandes traditions américaine du XIX e. siècle que sont le puritanisme et le romantisme, voila ce qu’en pense le philosophe et poète idéaliste (5) Ralph Waldo Emerson (1803-1882) : « Affrontons, réprimandons la lisse médiocrité et le misérable contentement du temps,  clamons plutôt, à la face des coutumes, du commerce, des affaires publiques, ce fait qui se déduit de l’histoire elle-même : il y a un grand Penseur et Acteur responsable qui agit chaque fois qu’un homme agit ; un homme vrai n’appartient ni à une époque ni à un lieu donnés, mais il est le centre des choses. Là où il est, la nature est aussi.[...] il faut avoir en soi quelque chose de divin quand on s’est défait des normes communes de l’humanité pour s’aventurer à compter sur soi-même comme maître. Le cœur doit être haut, la volonté fidèle et la vue claire, pour pouvoir sérieusement se tenir à soi-même lieu de doctrine, de société et de loi, pour qu’un simple but soit aussi pressant qu’une nécessité implacable chez les autres ! »

Jean-Bernard Pouchous - 2012.

N°2-Bibliographie :

2-A-1- Alain Badiou, Le Siècle, éd. Seuil, 2005.

2-B-1- Giorgio Agamben, Qu'est-ce que le contemporain ?, trad. Maxime Rovere, éd. Rivages, coll. Petite Bibliothèque, 2008.

2-B-2- Platon, trad. Auguste Diès, Théétète, éd. Gallimard, 1992.

2-B-3- Diogène Laërce, Vies des Philosophes, éd. Flammarion, 1993 .

2-B-4- Auguste Diès, « Notice », in Platon, Théétète, éd. Les Belles Lettres, 1076 (1926), p. 129-130.

2-B-5- Apologie de Socrate, 20 e 5 ; 23 b 4-7.

2-B-6- Giulia Sissa, L’Ame est un corps de femme, éd. Odile Jacob, 2000.

2-B-7- Jean Soler, La violence monothéiste, éd. de Fallois, Paris, 2008.

2-C-1- Olivier Postel-Vinay, Le Taon dans la cité : Actualité de Socrate, éd. Interfaces, 1994.

2-C-2- Apulée, l’Âne d’or ou les Métamorphoses, éd. Gallimard, Folio, 1975.

2-C-3- M. David-Ménard, Les Constructions de l’universel, éd. PUF, 1997.

2-C-4- Monique Schneider – Le Paradigme féminin, éd. Aubier, coll. Psychnalyse, 2003.

2-C-5-Ralph Waldo Emerson « Confiance et autonomie »,  éd. Michel Houdiard, coll. Essais, 1997.

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