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Substrat - N° 7

N°7-"Quand il est né je commençais seulement à en profiter", 2007, acrylique sur toile, 162 x 97 cm.

« Nous jouons souvent et volontiers avec l’imagination ; mais l’imagination (en tant que fantasmagorie) joue souvent avec nous et parfois bien avec contretemps… » Emmanuel Kant  dans  Anthropologie  (1).

 

N°7- Association d’idée.

Vous imaginez une œuvre en train de se faire.

Le pinceau court sur la surface de la toile. De temps en temps, il la délaisse pour se recharger de couleur et revient à sa caresse. Le geste est précis, vif, ardent, il passe d’un accent indispensable à une tâche plus ardue, d’un trait il tranche une forme et la distingue d’une immensité informelle. Les couleurs se mélangent entre elles sur le support, elles s’étirent et se rangent de façon subtile sans préméditation. De l’assurance, de la détermination sortent des formes identifiables, des figures reconnaissables, des représentations remarquables, des scènes et des images vivantes. Il y a de la valeur dans ce travail où  rayonne une palette aux millions de subtilités signifiantes.

Çà, c’est la partie du texte pour décrire l’aspect plastique de cette peinture intitulée Quand il est né, je commençais seulement à en profiter, maintenant voici la description iconographique.

« Quelle vanité que la peinture, qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux! » Blaise Pascal (2).

En fait, cette peinture, associe différentes représentations, différentes idées.

Au premier plan un nouveau-né nous est présenté, tenu aux chevilles et à la nuque par les doigts gantés de caoutchouc vert que l’on suppose être ceux d’un gynécologue-obstétricien.

Cachée derrière l’enfant, une bouteille d’eau d’Évian est reconnaissable à son étiquette rose. À gauche, deux flans au chocolat, nappés et arrosés de caramel  liquide, portés en perspective par deux bonnets retournés de dentelle de verre attrayante; l’ensemble nous est offert, généreusement exposé sur une table couleur cannelle. Plus loin, de profil,  un jeune garçon  est en train d’essayer de boire à la bouteille, du jus d’orange. Ses doigts et sa blouse sont maculés de confiture ou de compote de framboise ou de fraise. Nous distinguons également près de la bouteille à la peau pulpeuse deux boules de glace à la vanille ainsi que les restes éventrés d’un gâteau rouge et tout mou. Au fond est largement ouvert un réfrigérateur dont le contenu reste à explorer : bouteilles de lait, yaourts, boîtes de crème brûlée et mousse au chocolat…  A l’intérieur, accroché au plafond du meuble, un archaïque freezer domine l’action comme interdit, fermé, glacé, congelé…, tandis qu’à droite la porte plastifiée de blanc a été barbouillée à pleine main de sirop ou de crème de fruits rouges dégoulinants. Un vrai carnage ! Le petit ogre en question mériterait quand même bien une bonne correction.

Pour la composition des éléments iconographiques de cette peinture, Jean-Bernard Pouchous a fait appel à la méthode de l’association libre.

Dans ses collections d’images numérisées, l'artiste a pioché quelques représentations, laissant surgir de son esprit ces confrontations d’images et leurs interrelations en pratiquant divers copier/coller avec Photoshop pour mettre au point une maquette. C’est quand même plus pratique que ciseaux, cutter, pour découper et aiguille, colle pour assembler tout ça sur du carton, comme il l'a fait pendant des dizaines d’années.

 

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