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AÏON - N° 8

N° 08-"TROPEOPHORE", 2021, acrylique sur toile, 180 x 240 cm.

« Tous les dragons de notre vie sont peut-être

Des princesses qui attendent de nous voir beaux

Et courageux. Toutes les choses terrifiantes

Ne sont peut-être que des choses sans secours

Qui attendent que nous les secourions. » Maria Rilke. (1).

 

Hong Kong.

La peinture intitulée "Tropéophore", représente saint Georges terrassant le dragon dans une cour d’immeubles d’habitation à Hong-Kong.

Le combat entre saint Georges et le dragon est un montage de représentations de sculptures : l’une provient d’une sculpture de Georges de Lydda tuant le dragon, un bronze accroché sur un immeuble à un angle de rue à Ostende, au Danemark, et d’un dragon en bronze (vouivre) montant sur la façade de l’hôtel de ville de Munich en Allemagne.

Très impressionné, très jeune, par ​ le  Saint Georges et le dragon (1470) de Paolo Ucello (1397/1475), une huile sur toile (57 x 73 cm.), de la National gallery de Londres (2), Jean-Bernard Pouchous s’était promis de traiter ce thème un jour. Dans l’œuvre médiévale, Georges est à cheval et perce de sa lance la tête du dragon tenu en laisse par une dame à la sortie d’une caverne. « Saint Georges blesse le dragon, et c'est Cléodélinda elle-même, à l'instar de Marthe, qui le conduit en laisse avec sa ceinture » Janetta Rebold Benton (1945/…), historienne d’art américaine (3). C’est comme si la princesse avait apprivoisé le dragon, mais dans l’œuvre de Jean-Bernard Pouchous il n’y à pas de princesse, c’est le "Tropaïphoros", Georges le super victorieux, un combat intérieur, ou le héros a rendez-vous avec lui-même qui intéresse l’artiste.

Biensûr à la bataille d’Azincourt (1415), remportée par Henry V (1386/1422) et immortalisée par William Shakespeare (1564/1616),  la légende veut qu’il ait donné la victoire aux archers Anglais. « Follow your spirit, and upon this charge Cry ' God for Harry, England, and Saint George ! » Shakespeare, Henry V, Acte III. La popularité de saint Georges était telle en Angleterre depuis l'époque des Croisades, que les Anglais lui ont attribué la nationalité anglaise. C’est Edouard III (1312/1377) qui décide en 1344 que saint George (sans « s ») sera le patron de l’Angleterre. Et en 1348, il fonde  l’"Ordre de la Jarretière", sous la protection de saint Georges, aujourd’hui encore la plus haute distinction britannique, dont les membres sont nommés par la reine seule. La croix de saint Georges  est au centre de l’Union Jack. C’est celle que portaient les Croisés.

« Georges est un pluriel en langue française, et la dernière lettre, en forme de serpent, n’est pas là par hasard. » Thierry Roisin.

Mais en fait, Georges de Lydda (aux environs 275/280 /23 avril 303), appelé Saint Georges par les chrétiens, est un martyr du IVe siècle. Il est principalement représenté en chevalier qui terrasse un dragon et fait ainsi figure d'allégorie de la victoire de la foi sur le démon ou plus largement du bien sur le mal. La Légende de Saint Georges (légende au sens de tradition) est mentionnée vers 1265 ou 1266 sous la plume de l’archevêque dominicain de Gênes, Jacques de Voragine (1228/1298), dans son célèbre ouvrage intitulé La Légende dorée (4). Georges naît en Cappadoce au centre de l'Anatolie, dans une famille chrétienne. Militaire, il devient officier dans l’armée romaine ; il est élevé par l'empereur Dioclécien (244-312) aux premiers grades de l'armée. Un jour en Libye, il passe, monté sur son cheval blanc, à Silène. La cité est alors terrorisée par un redoutable dragon qui dévore tous les animaux de la contrée et exige des habitants un tribut quotidien de deux jeunes gens. Georges arrive le jour où le nom de la fille du roi a été tiré au sort, juste  au moment où celle-ci va être victime du monstre. Georges engage avec le dragon un combat acharné ; avec l'aide du Christ, et après un signe de croix, il le transperce de sa lance. La princesse est délivrée et le dragon la suit comme un chien fidèle jusqu'à la cité. Les habitants de la ville ayant accepté de se convertir au christianisme et de recevoir le baptême, Georges tue le dragon d'un coup de cimeterre car il les effrayait toujours, puis le cadavre de la bête est traîné hors des murs de la ville tiré par quatre bœufs. Après la publication des édits de Dioclétien contre les Chrétiens, Georges est emprisonné. Sa foi ne pouvant être ébranlée, il y subit un martyre effroyable : livré à de nombreux supplices, pelé vivant, ébouillanté, supplicié de la roue et écartelé. Il survit miraculeusement et finit par être décapité un 23 avril.

Mais qu’est-ce que c’est ce dragon ?Jean-Bernard Pouchous, 2021

08-Bibliographie :

08-1- Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, éd. Grasset, 1937.

08-2- Annarita Paolieri, Paolo Uccello, Domenico Veneziano, Andrea del Castagno, éd. Scala, Florence, 1991.

08-3- Janetta Rebold Benton, trad. Michèle Veubret, Bestiaire médiéval, Les animaux dans l’art du Moyen Age, éd. Abbevill press, 1992.

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