




Croquis 2
N°2-Croquis A4
« Déesse chante-nous la colère d’Achille, de ce fils de Pélée, colère détestable qui valut aux Argiens d’innombrables malheurs, et jeta dans l’Hadès tant d’âmes de héros, livrant leurs corps en proie aux oiseaux comme aux chiens : ainsi s’accomplissait la volonté de Zeus. » Homère (VIII e. Siècle av. J.C.) (1).
N°2 - Homère, aveugle comme Oedipe et Tirésias.
Un croquis rapides comme celui intitulé "Portrait imaginaire d’Homère" représente le célèbre poète antique. Homère est réputé pour avoir été un aède (poète) de la fin du VIII e. siècle av. J.C. C’est le premier poète grec dont les œuvres nous sont parvenues. On lui attribue la paternité de l’Iliade et de l’Odyssée et l’œuvre épique comique Batrachomyomachia, littéralement traduit par: "la bataille des grenouilles et des rats" (2), parodie de l’Iliade… Jean-Bernard Pouchous a entre autre dessiné au Louvre la sculpture intitulée "Portrait imaginaire d’Homère", le sculpteur dans cette œuvre confirme la thèse selon laquelle Homère était aveugle comme dans les textes homériques. Une première confirmation vient de l’aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, il est aveugle. Une autre vient de l’auteur de l’Hymne homérique qui déclare à son propre sujet : « C’est un aveugle, qui réside à Chios la rocailleuse ». Les bardes sont rituellement qualifiés d’aveugles. La perte de la vue est supposée stimuler la mémoire. De plus, symboliquement, l’aveugle est, dans les civilisations antiques, celui qui voit l’invisible transcendant et ne peut voir le visible immanent. C’est une incarnation de l’idée d’inspiration divine. Œdipe ou Tirésias en sont représentatifs. Le premier perd la vue quand il se met à voir la vérité et accède à une forme de sainteté. Le second reçoit la cécité en malédiction et le don divinatoire en compensation. Il est probable que la cécité d’Homère soit de ce type.
Fils de Laïos et Jocaste, souverains de Thèbes, Œdipe abandonné dans les montagnes dès sa naissance après que l’oracle ait prédit qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Il est recueilli par un berger, qui le confie ensuite au roi de Corinthe, Polybe (Polybos).
Plus tard, un autre oracle lui prédit qu’il sera le meurtrier de son père. Pensant que Polybos est son vrai père, Œdipe fuit pour éviter que la prédiction ne se réalise. Au hasard des chemins, il croise son père Laïos et ses serviteurs. Les prenant pour une bande de voleurs, il les tue, donnant finalement raison à l’oracle.
Arrivé à Thèbes, il rencontre le Sphinx, qui pose une énigme à tous les voyageurs et dévore ceux qui ne savent pas répondre, bloquant ainsi l’accès à la ville et interdisant toute arrivée de vivres. En voyant Œdipe, le Sphinx lui pose la désormais célèbre énigme : « Quel est l’animal qui marche à quatre pattes le matin, à deux le midi et à trois le soir ? » Œdipe répond aussitôt: « L’homme qui, enfant, marche à quatre pattes, adulte sur ses deux jambes et vieillard en s’appuyant sur une canne. »
Vaincu, le sphinx se tue en se précipitant d’une falaise. Œdipe sauve ainsi la ville de Thèbes, et devient un héros que les habitants récompensent en lui donnant pour épouse la veuve reine de Thèbes Jocaste, sa mère, celle qui la mise au monde. Il prend ainsi la place de son père et devient roi de Thèbes. Œdipe et Jocaste auront deux fils et deux filles. Plus tard, Thèbes étant ravagée par la peste, les oracles sont consultés pour connaître l’origine du mal (3).
Ils révèlent que l’épidémie est une punition divine, qui durera tant que l’assassin de Laïos ne sera pas châtié. Œdipe fait rechercher le meurtrier, mais finit par se rendre compte que c’est lui qui a tué le roi. Jocaste se suicide en apprenant qu’Œdipe est son fils, et lui-même se crève les yeux et renonce à la royauté. Quelques années plus tard, il est chassé de Thèbes. Sa fille Antigone l’accompagne et lui sert de guide. Il meurt en Attique sous la protection de Thésée. Ses fils se disputant le trône d’Œdipe, celui-ci avant de mourir les maudit et prédit qu’ils s’entretueront. "Avoir les chevilles qui enflent" : cette expression se dit de quelqu’un qui ne se remet plus ou moins jamais en question. La référence à Œdipe devient claire lorsque l’on sait que c’était un de ses traits de caractère et lorsque l’on comprend que son nom signifie littéralement "pieds enflés" en grec (4).
Jean-Bernard Pouchous - 2005.
Bibliographie :
N°2-1- Homère, traduction Louis Bardollet, L’Iliade et l’Odyssée, éd. Robert Laffont , coll. Bouquins, 1995.
N°2-2- Homère, La Bataille des rats et des grenouilles, faite à l’imitation de la Batrachomyomachie d’Homère, éd. M. Le Jeune,1580.
N°2-3- C. Olivier, Les enfants de Jocaste, éd. Denoël, coll. Femme, 1980.
N°2-4- Sophocle, Oedipe roi, éd. J’ai lu, coll. Librio Philosophie, 2004.