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Malanggan de POUCHOUS

N°2-Photos de Joël Pitsia, master krafman, chef du clan des Kuk portant le Wawara parure soleil  en 1994  et un coucher de soleil  sur Big Tabar.

Photos du sculpteur Edmond Sale avec un de ses assistants à l’ouvrage et  l’atelier de sculpture, en 1994,  lors du tournage du film Malanggan, © 1995.

Photos des œuvres malanggan du sculpteur  Edmond Sale  une fois peintes, en 1994 (détails), lors du tournage du film de "MALANGGAN",  © 1995.

Photo de groupe du clan  des Kuk en 1994 à Tatau , île Tabar, Nouvelle-Irlande, PNG, lors du tournage du film de "MALANGGAN",  © 1995.

 

N°2 - Malanggan

La première photo représente Joël Pitsia, "Mia Mia" master kraft man, chef du clan des Kuk portant le Wawara, une parure soleil. Nous sommes à Tatau en 1994. La deuxième photo représente  un coucher de soleil  sur l’île de Simberi. Les photos suivantes montrent  quelques détails d’œuvres malanggan, une fois taillées et peintes par le sculpteur du clan Edmond Sale.

Enfin dans les photos suivantes, nous voyons le sculpteur à l’oeuvre accompagné par un de ses assistants, ils sculptent des malanggan. Nous voyons aussi  l’atelier de sculpture, gardé par deux anciens du clan. Entre le début et la fin du XX e. siècle ces différentes photos nous montrent que les traditions mortuaires ont été bien conservées. Toutes ces photos ont été prises en 1994,  pendant le tournage du film Malanggan © 1995.

Cette année là, de l’autre côté de la terre, sous les tropiques, en Papouasie Nouvelle-Guinée, dans la province de Nouvelle-Irlande, à Tatau, petit village des îles Tabar, se déroule une cérémonie Malanggan.

Face à l’infini de l’Océan Pacifique, sur la plage, à l’ombre des cocotiers, derrière la "Maison des hommes", sous un appentis fait de palmes, un des derniers sculpteur traditionnel, Edmond Sale, travaille avec d’autres sculpteurs plus jeunes, à la réalisation de totems et de frises. Cette série de sculptures est destinée à être exposées dans une maison de présentation Malanggan qui sera construite dans une sorte de cimetière, un enclos sacré non loin de là.

« Cet ensemble d’oeuvres sera le fruit de la conjugaison d’exigences religieuses et sociales, et attestera de la "copropriété artistique" et de la nécessité de montrer la symbiose entre le clan actuel et ses origines. Il s’agit d’une sorte d’exposition faite pour clôturer l’ensemble de la cérémonie, elle est préparée en commun - et en tant qu’ensemble - par un groupe de détenteurs des droits qui ont chargé les artistes de leur exécution. - par un groupe de détenteurs des droits qui ont chargé les artistes de leur exécution. L’artiste est, en Nouvelle-Irlande centrale et septentrionale, rétribué pour sa transposition des images patrimoniales, symboles des droits fonciers et sociaux des lignées, en images façonnées. L’art étant parti intégrante de secteurs capitaux de la vie sociale, l’artiste est porteur de traditions, détenteur spécialisé d’un savoir visuel. Dans les sociétés dépourvues d’écriture, il s’agit là d’une mission primordiale. Le terme le plus approprié pour nommer le rôle de cet initié particulier serait alors: "metteur en images". » Brigitte Derlon (1).

Les œuvres que nous voyons sur ces  photos sont actuellement conservées au Centre Culturel Jean-Marie Tjibaou (1936-1989) (2), rue des accords de Matignon, Tina, Nouméa, Nouvelle Calédonie ; dont l’architecture du bâtiment (1995-98) de Ranzo Piano (1937-…), serait née d’observations ethnographiques sur l’habitat indigène Kanak (3).

Carnet de voyage.

De nombreux dessins, 70 minutes de film 16 mm. réalisé à la Paillard-Bolex et plus de 400 diapositives ont été ramené par Jean-Bernard Pouchous de cette rencontre avec les Papoues du clan des "Kuk" et de leur Chef, Master Krafman Joël Piscia à l’occasion de cérémonies Malanggan.

Un Film de 52 minutes à été produit sur cette aventure :  © Comptoir des Arts 1995.

Résumé : "Malanggan" raconte les rites, cérémonies et oeuvres du même nom, réalisées en Papouasie Nouvelle Guinée, dans les Iles Tabar, à l’occasion de la commémoration des morts. Le film nous montre la très belle collection de “malanggan” du Musée Fur Vôlkerkunde de Bâle (Suisse) et en parallèle nous assistons à une cérémonie Malanggan dans le village de Tatau sur l’île de big Tabar en Nouvelle Irlande. Entre les églises et l’école, quelques cases et l’océan nous suivons la préparation de figures du culte des ancêtres par le sculpteur Edmond Sale et ses assistants pour le clan des Kuk, en 1994.

Ce film a été réalisé dans le cadre du prix "Villa Médicis Hors les Murs", Ministère des Affaires Etrangères, dont Jean-Bernard Pouchous a eue le prix en 1994. Cette réalisation n’aurait pas été possible sans Mme. Brigitte Derlon, chercheur au CNRS et auteur d’ouvrage sur les Malanggan. L'auteur remercie aussi Mr. Christian Kaufmann, Conservateur du Muséum für Volkerkunde de Bâle dont l’interview était indispensable au film, Mme. Catherine Derosier pour Comptoirs des Arts et Directrice des productions du CICV à cette époque ainsi que Mr. Saïd Bakhtaouï, réalisateur et photographe qui a accompagné et partagé avec l'artiste cette aventure pittoreque sur le terrain.

Brigitte Derlon avait prêté à Jean-Bernard Pouchous un petit dictionnaire pisin/anglais/pisin local qu’elle avait confectionné elle-même sur un cahier d’école, lors de son étude de doctorat sur  le Lelet plateau (Uli) au centre de la Nouvelle Irlande. Ce petit recueil avait facilité la relation avec les autorités politiques et spirituelles locales compétentes en matière de Malanggan.

« Le terme  unique de “Malanggan” qui, lorsqu’il ne s’applique point au complexe cérémonial, désigne la principale classe d’objets autrefois fabriqués dans la moitié nord-ouest de la province de Nouvelle­-Irlande, et regroupe des pièces remarquables par leur disparité, exprime le fait qu’au delà de leur hétérogénéité, ces objets partageaient des caractéristiques et fonctions identiques, dont celle d’être les instruments autour desquels s’articulaient les dernières phases du cycle des rites funéraires ainsi que les rites initiatiques. Plus précisément, les Malanggan étaient des objets qui étaient secrètement fabriqués, publiquement et brièvement exposés, puis généralement détruits, dans le cadre des cérémonies clôturant les rites funéraires et/ou sanctionnant l’initiation des jeunes membres de la société... »

« A l’abri du regard des femmes, les hommes de l’île de Nouvelle Irlande (Papouasie-Nouvelle-Guinée) passaient autrefois de long mois à fabriquer pour leurs morts des sculptures de bois très élaborées qu’ils brûlaient ou laissaient pourrir sur place trois jours seulement après les avoir exposées sur le site funéraire. Nommées malanggan, ces spectaculaires effigies hétérogènes, dont beaucoup furent collectées avant leur destruction rituelle, font aujourd’hui partie des plus grandes collections mondiales d’art non occidental.

Destinées à évoquer le retour provisoire du défunt, ces effigies servaient à faire oublier le mort, engendré par les femmes, et à assurer sa re-production par les hommes sous une identité permanente et mémorable. Calquée sur le processus de décomposition du cadavre, cette re-production s’inscrivait dans le cadre d’une idéologie de la régénération fondée sur l’idée que la vie naît sans fin de la mort.

Chacun des nombreux types de malanggan qui s’accompagnait de rites spécifiques était associé à un clan ou lignage. Avant la destruction de l’effigie, des individus recevaient le droit et le savoir nécessaires pour diriger ultérieurement la fabrication et la mise en scène d’objets de ce type. Ainsi était assurée la pérennité du prototype mental du malanggan qui vivait dans la mémoire des hommes durant les longues périodes où il n’était pas matériellement actualisé. Parallèles aux droits fonciers  claniques, les droits portant sur les malanggan circulaient sous une forme comparable à un prêt entre les clans des matrimoitiés exogames dont ils exprimaient l’interdépendance en matière de procréation. » Brigitte Derlon.

Le voyage s'était extrêmement bien passé, Jean-Bernard Pouchous avait été magnifiquement accueilli par les autochtones dont il dépendait complètement pendant son séjour. Le fait de débarquer dans l’île juste au moment d’une cérémonie Malanggan est  pur hasard, quoique ! L'artiste avait appris en discutant un peu avec tout le monde qu'il arrivait dans l'île après un séjour assez long de l’anthropologue américain Michael Gunn (5), qui venait y poursuivre certaines de ses études.

Jean-Bernard Pouchous - 2004.

Bibliographie :

-1- Christian Kaufmann, Adrienne L. Kaeppler et Douglas Newton, L’art océanien, éd. Citadelles & Mazenod, , 1993,

-2- William Dampier, Le grand voyage. Le tour du monde d’un flibustier, 1681-1691,  éd. Phébus, coll.  D’Ailleurs, 1993.

-3- Daniel Floch, Port-Breton, la colonie tragique, éd. Ouest-France, 1987.

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