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40 F. - N° 6

N°6-"Didon", 2016, acrylique sur toile, 100 x 81 cm.

« Il n'y a pas de culture sans folie »,  Michel Foucault (1).

 

N°6- Le bollard à Dudule

La peinture intitulée "Didon", représente une jeune femme allongée blonde très maquillée, jambes repliées sur le côté sur un tapis d’allumettes à côté de deux gros bollards, l’un rouge et noir, l’autre jaune numéroté 20 qui servent habituellement à l’amarrage à quai, de paquebots ou cargos.

En arrière plan nous assistons à un violent incendie de maisons.

La jeune femme appuyée sur les coudes nous regarde indifférente à la catastrophe. Elle avance le majeur de sa main gauche vers un coup de poing d’arrêt d’urgence.

En haut à droite du tableau est représenté le haut-parleur d’une sirène destiné à donner l'alarme sonore par un son montant et descendant de deux-tons stridents. Ce nom de "sirène" a été donné à ce système par Charles Cagniard de Latour en 1819, en référence aux sirènes de la mythologie grecque. Une alarme incendie (alarme à feu) est un signal de danger, elle doit provoquer une réaction. L'alarme nécessite une connaissance préalable du danger, il n'est pas d'alarme tant que le danger n'est pas connu. Le terme provient de l'italien "all'arme", qui signifie littéralement aux armes.

Le feu a une symbolique très érotique. Déjà dans l’"Énéide" la passion que "Didon" avait pour "Énée" la consumait de l'intérieur et son destin l’aurait amené à s’immolée par le feu pour ne pas avoir à épouser un souverain d’Afrique. Cette symbolique érotique mythique prend son sens dans les métaphores et les images qui font coïncider le feu et l'acte sexuel, la passion, l'affectivité, les sentiments, etc. Pierre-Paul Rubens (1577-1640), a peint un épisode de la vie d’Énée dans "La Fuite d'Énée après l'incendie de Troie" (1ère moitié 17e siècle), huile sur toile (1,46 x 2,27 cm., conservée au Château de Fontainebleau.

Un bollard, encore écrit billard, baulard ou boulard, est à l'origine une grosse masse métallique à la fois cylindrique et coudée qui sert à amarrer les navires. Ce terme du vocabulaire maritime a fini par désigner toute pièce de bois ou d'acier, cylindrique, fixée verticalement sur les quais, pour capeler l'œil des amarres. Généralement doublé et monté sur le pont des navires, il est appelé bitte d'amarrage et sert à tourner l'autre extrémité des aussières. C'est la version grand modèle du taquet d'amarrage. Pour désigner l'organe à quai, le marinier emploie plutôt le terme de pieu. Dans la chanson paillarde "La Grosse Bite à Dudule" le mot prend une connotation vivement sexuelle pour désigner le bollard, la biroute, une bite d’amarrage comme un pénis en érection.

Beaucoup d’incendie sont accidentels mais aussi criminels. Les pyromanes sont fascinés par le feu. L'incendiaire serait un pervers, son acte est souvent étudié, prémédité, et justifié, à postériori, il témoigne d'une complète indifférence aux dégâts qu'il a pu causer. Les pyromanes ont tendance à planifier leur acte et ils peuvent donner eux-mêmes l'alarme, venir en aide aux victimes ou aux secouristes ou tout simplement contempler ce qu'ils ont fait. Selon certain psychiatre, les pyromanes sont souvent issus de milieux où ils ont eu à souffrir soit d'une éducation exagérément répressive soit d'une excessive permissivité, qui ne leur a pas appris dans un cas à exprimer leurs émotions dans l'autre à les réprimer. Il s'agirait d'une façon de communiquer pour des sujets dont les compétences sociales sont mal développées, ou une forme de gratification sexuelle symbolique chez des personnes souffrant de frustration dans ce domaine on parle aussi dans ce cas de pyrophilie. Dans les cas les plus graves, cette monomanie se traduit par des pulsions qui poussent le patient à provoquer lui-même des incendies comme exutoire à un excès de tension qui provoque soulagement et gratification. Le pyromane se distingue de l'incendiaire criminel, du psychotique, et n'agit ni par goût du le gain, ou de profit, ni pour des raisons politiques, ni par désir de vengeance.

Jean-Bernard Pouchous - 2016.

N°6-Bibliographie :

N°6-1-Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, éd Gallimard, 1976.

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