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Dessins N° 1

N°8-"Sorcière",  2003, mine de plomb sur papier, 65 x 50 cm.

« Qui trop embrase mal étreint. »

 

N°8 -  Du balais ...

Ce dessin intitulé "Sorcière" représente le décollage, depuis un ponton, d’une jeune sorcière. Montée sur son balai elle s’entraîne à voler au-dessus de la plage de Salem Massachusetts, USA. Quand elle sera bien se servir de son engin et qu’elle sera un peu plus âgée elle pourra suivre  les vieilles sorcières expérimentées dans leurs voyages au fin fond de la nuit américaine de 1692.

Le "Malleus Maleficarum" (Marteau des sorcières), écrit par les religieux  Henri Institoris ou Heinrich Kramer (1436-1505) et Jacques Sprenger  (1436-1496), est publié en 1486 (1). C’est le traité qu’utilisaient les inquisiteurs pour identifier, confondre et persécuter les sorcières. La première partie du livre affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence (sic), seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Les auteurs leur reproche une sexualité débridée, elles auraient le "vagin insatiable" apprécieraient particulièrement les positions "contre nature" : en particulier, elles chevauchent volontiers leurs compagnons, ce qui symboliquement renverse le rapport naturel de domination. L’église refusait aux femmes de se livrer au jeu de l’amour en dehors de la position dite du missionnaire. Les sorcières voleraient les sexes masculins et les cacheraient dans leurs nids. L’Église s’est trouvée un "bouc émissaire" à sa folie misogyne en construisant une religion dédoublée, avec une hiérarchie de démons : l’inverse de l’agneau pascal est le bouc, l’inverse de la messe est le sabbat, etc... L’inverse du chrétien est la sorcière. Le seul esprit contemporain à cette folie qui ne voyait dans la sorcellerie qu’illusions de vieilles femmes superstitieuses à qui il faudrait «quelques grains d’ellébore», est Montaigne.

« L’Eglise hésita longtemps à reconnaître une âme à la femme; mais c’est une femme qu’elle pose sur les autels, à la place d’Isis. Le christianisme permet à l’érotisme d’atteindre son sommet car il lui donne l’esprit redoutable de l’interdît. De plus, il y a rupture avec le passé réel des civilisations méditerranéennes; la croix aurait pu être la croix sexuée des Égyptiens... Il serait vain de fouiller les origines du christianisme. L’interdit est au commencement. Grégoire VII croyait que les femmes sont près du Diable; saint Thomas d’Aquin affirmait  que les démons existent par le vice et la concupiscence, ergo par le terrain privilégié de la femme. Les tentations et, enfin, le péché, ne peuvent venir que de la femme. La femme devient le sexe par excellence. Le péché est d’ailleurs un prétexte de le représenter, ce qui nous vaut les innombrables motifs érotiques dans l’art consacré aux églises. La notion du péché a une portée incalculable depuis la honte féminine jusqu’à la terreur du péché se muant en plaisir du risque couru. La « présence » du Démon engendre un monstre sexuel nouveau la sorcière. A cet amour chrétien succède l’amour courtois et l’amour chevaleresque qui subliment partiellement l’amour charnel. Les Croisades rendent l’Église presque tolérante (treize mille courtisanes suivaient les Croisés) et commence ce travail d’osmose entre Occident et Orient. » Lo Luca dans "40.000 ans d’érotisme" (2).

Parente de la Lilith (3) du mythe de Gilgamesh (4), Isis (5) semble avoir été aux temps pharaoniques la personnification du trône; son nom en hiéroglyphes Iset, signifie le siège. Dans les inscriptions égyptiennes antiques, elle est représentée sous les traits d’une femme coiffée d’un siège qui ressemble à un escabeau à trois marches. Isis,  enserre un globe lunaire entre ses cornes de vache, puis monte sur une barque de papyrus pour aller rechercher les morceaux du corps de son bien-aimé Osiris "L’œil puissant", que Seth,  le "dieu rouge", avait coupé en 14  morceaux et dispersés de tous côtés à travers le labyrinthe des marais du delta du Nil. Elle ne retrouve que 13 morceaux, la seule partie introuvable, malgré tous ses efforts et l’aide des obligeants crocodiles, fut le membre viril car il avait été mangé par des poissons. Toutefois il avait eu le temps de donner au fleuve sa force fécondante. Isis se résolut à fabriquer un phallus artificiel en argile et le consacra et insuffla à Osiris le souffle de la vie. La mythologie veut qu’elle ait ramené Osiris à la vie en lui administrant une fellation. Elle devint la coupe féminine, la matrice, qui reçoit le principe masculin et lui donna un fils, Horus le faucon sacré à jamais associé à la monarchie pharaonique.

Déesse-mère préhistorique vénérée dans le delta, les onze Ramsès lui construisirent des sanctuaires à Memphis et à Abydos. Le temple d’Isis à Philae fut construit au IV e. siècle avant J.C., sur une petite île du Nil près d’Assouan, porte du royaume de Nubie à 840 km du Caire. Dans l'Antiquité Isis faisait l'objet d'un culte à Mystères comme Artémis,  déesse de la chasse associée à la Lune, participait à la vie quotidienne en Grèce (6) et dans le paganisme romain (7), quand Apollon (le Soleil) disparaît à l'horizon, Diane resplendit dans les Cieux et répand discrètement sa lumière dans les profondeurs mystérieuses de la nuit (8).

« Si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été Mithriaste. » Joseph Ernest Renan (1823-1892) dans "Histoire des origines du christianisme" (9).

Le culte de Mithra, dieu au bonnet phrygien excluait les femmes, alors qu'elles avaient le droit de participer au culte chrétien, il fut interdit en 391 par l’ Édit de Thessalonique : L’empereur byzantin Théodose 1er le Grand (Flavius Theodosius) (-347 à -379) (10), renforça l’hégémonie de la religion chrétienne comme religion d’Etat et interdit tous les cultes païens. Vers 550, l’empereur byzantin Justinien (-483 à -565) (11), interdit le culte d’Isis au temple de Philaé, qui sera transformé en église copte. En 1971 le temple d’Isis de Philaé est noyé dans les eaux du lac Nasser, du nom du deuxième président de l’Egypte moderne Gamal Abdel Nasser (1918-1970) (12). Une catastrophe écologique d’envergure co-construite par les soviétiques en leur temps et appelée haut barrage (Assouan, 1970) qui bloque les eaux du Nil, ses crues et son limon à ce niveau de son cours. L’UNESCO a fait reconstruire à grand frais, une partie du  temple engloutie, sur l’île d’Aguilkia à 300 m plus  au nord (13).

On retrouve des temples d’Isis partout en Egypte à Behbeit El-Hagara ancienne Iséum (-360 à -246), Deir el-Chelouit  à Thèbes, à Alexandrie, Saïs, Busiris, à Gireh, Coptos, Denderah, Louxor, El Hilla en Egypte et au Soudan à Dakka, Maharraka Méroé. À l’époque gréco-romaine, Isis devint la déesse universelle, invoquée tant en Égypte que dans tout le bassin méditerranéen et au-delà.:  Byblos et Tyr  au Liban; Chypre; Antiaoche, Ephèse Halicarnasse en Turquie; Rhodes; Hiérapytna en Crète, Délos, au Pirée, Athènes, Delphes, Dion, Samos, Corinthe, en Grèce; Sabratha en Libye, Gigthis en Tunisie; Pouzzoles, Pompéi, Herculanum, Neapolis, Bénévent, Rome (Champ de Mars), Tivoli, en Italie;  Malte;  Bolonia (Baelo Claudia) en Espagne; Lyon, Metz (Niseum) en France; Mayence en Allemagne. En tant que magicienne ayant ramené Osiris à la vie, Isis est la déesse guérisseuse et protectrice des enfants. Les malades portaient parfois des amulettes à son effigie. Déesse gardienne qui veille sur son enfant, elle est souvent représentée en Isis lactans, portant son enfant Horus dans ses bras et lui donnant le sein. La Vierge allaitant le Christ n’est certainement pas sans rapport avec le souvenir de l’épouse d’Osiris et les "vierges noires chrétiennes" en sont autant de réminiscences (14). Ramené par les légions romaines sur les bords du Rhin comme au Sanctuaire d’Isis et de Mater Magna (15) à Mayence, la pratique des "tablettes  de défixion" c’est rapidement répandue dans cette région déjà chargée de croyances celtes et germaniques. Elles sont tout ce qui nous reste de ces temps reculés avec le carnaval dont l’ancêtre festif fut sûrement les "saturnales" (16). Cette pratique de magie antique sur tablette consiste littéralement à "clouer", "lier", une personne ou parfois un animal. L’objectif habituel de la défixion est donc de soumettre un autre être humain à sa volonté, de le rendre incapable d’agir selon son propre gré, pratique appelée aujourd’hui envoûtement. Les "billets de malédiction" retrouvés récemment  dans les fouilles de la capitale du Land de Rhénanie-Palatinat actuelle, par  les archéologues  étaient rédigés en latin  et enroulés ou pliés sur les tablettes. On comprend mieux comment le fait de jeter un sort (sortilège) au nom d’Isis rappelle le culte des grands-mères, des fées et des sorcières. Les tablettes déchiffrées à Mayence contenaient surtout des formules incantatoires. Il s’agit presque sans exception de maudire des personnes à cause du vol d’un bien ou d’une somme d’argent, sauf dans un cas où il s’agit d’une rivalité amoureuse entre deux femmes. Des pratiques magiques comme l’inscription de sorts ne pouvait se pratiquer publiquement au temple en présence d’un prêtre, mais en cachette, car le droit romain l’interdisait. Il semble toutefois que l’enregistrement contre honoraires de rituels de malédiction ait fait partie de la pratique ordinaire des prêtres. Il a été découvert aussi, deux figurines d’argile, dites "poupées magiques", qui fournit le meilleur aperçu sur l’imaginaire magique du sanctuaire. Il s’agit de deux hommes grossièrement stylisés, qui ont été façonnés à la main. Ces effigies avaient été jetées dans une fosse dans l’enceinte du sanctuaire. Les deux figurines présentent sur l’ensemble du corps plusieurs piqûres d’épingle, entre autre dans la région du cœur. L’une des figurines a été ensuite cassée en deux, et les morceaux tordus l’un autour de l’autre. La plus grosse des deux figurines portait une petite feuille de plomb qui devait désigner sans ambiguïté la victime à la déesse.

Le culte d’Isis devait être pratiqué le long du limes Rhin Danube où stationnaient les garnisons romaines. L’empire était immense et les cohortes étaient constituées de légionnaires de toutes provenances et de toutes croyances. Les cultes de la grande déesse étaient déjà universellement pratiqués sous diverses formes dans l’empire et chez les barbares depuis des millénaires. La découverte de Vénus paléolithique a montré que les cultes de la fécondité ou de la déesse-mère étaient pratiqués depuis fort longtemps (17). Une  magnifique petite statuette en ivoire de mammouth de (-24.000 ans), a été découverte en 1922 dans la grotte des Rideaux à Lespugue en Haute-Garonne.  Abdomen, hanches, seins, fesses, vulve sont les parties de l’anatomie souvent traitées avec générosité, comme chez certaines Vénus stéatopyges (18). D’autres découvertes prouvent que ces représentations féminines étaient appréciées dans toute l’Europe, de la méditerranéen à l’Oural comme "La dame de Brassempouy" (-29./-22.000 ans)  trouvée dans les Landes, "la Vénus de Savignano" exhumée dans la province de Modène en Italie (-29./-22.000 ans), "la Vénus de Willendorf" sortie de terre dans la vallée du Danube en  Autriche (-23.000 ans), la "vénus de Dolni" qui fut trouvée en Moravie (République Tchèque), (-29. /-25.000 ans) et encore d’autres amulettes protectrices dites apotraïques qui furent découverte dans les plaines sibérienne du lac Baïkal.

Le mot français "sorcier" et son féminin "sorcière", dérivent du latin vulgaire "diseur de sorts", du latin classique sors, sortis, désignant d’abord un procédé de divination, puis destinée, sort. Le mot qui les désigne en allemand est "Hexe" dérivé du grec ancien "aix", chèvre,  évidente référence à un monde pastoral du dieu Pan. Le mot anglais "witch" a des origines plus controversées mais parait bien provenir d’un radical "wik" d’origine tant celte que germanique. La fête des druides, la nuit de Walpurgis, Halloween, les solstices et équinoxes, les bacchanales, les fêtes de Diane,  sont autant de rituels qui étaient célébrés la nuit (19). Hécate pour les Grecs est la déesse de la lune, mère des sorcières et des fantômes. Elle est souvent accompagnée de chiens et de loups. En Russie, en Pologne et en Tchécoslovaquie, les "notchnitsa" venaient mordre et pincer les nourrissons durant leur sommeil nocturne. En Ecosse, Annis la Noire était une ogresse affreuse qui, cachée au creux d’un chêne, guettait le passage des enfants pour se délecter de leur chair tendre. Le sabbat des sorcières serait une déformation des mystères dionysiaques. Ces fêtes étaient organisées en l’honneur du "dieu cornu" de la fécondité et de la nature. Elles s’accompagnaient de libations, de danses et d’orgies sexuelles afin de stimuler la fécondité des terres.

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

N°7-"Nue Hors bord", 2003, dessin à la mine de plomb et acrylique sur papier arche, 50 x 65 cm.

N°6-"4 Nues Yacth", 2003, dessin à la mine de plomb sur papier arche, 50 x 65 cm.

« La vertu n’irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie. » François de La Rochefoucauld  (1613-1680) (1).

 

N°7 - 6 - Hors bord.

Le dessin "4 Nues Yacht" représente 4 jeunes filles de 16/20 ans qui s’amusent sur le flanc d’un Yacht. Nous sommes en Grèce, au large de Céphalonie, c’est l’été, l’eau est chaude.

Le capitaine du bateau est un jeune milliardaire nommé Monsieur SKLAVENITIS, jeune héritier de tout un lobby industriel grec du souvenir touristique. Nos belles naïades sont ses invités et viennent de travailler avec lui, un devoir de vacance obligatoire pour passer le bac sur le thème "L’esprit est-il libre ? " et plus particulièrement le problème  de la relation corps/esprit, le  "Mind-body problem".

Le sujet philosophique du jour abordait les "qualia" ou  "quale",  au singulier, avec comme question principale : « Quelles sont  les propriétés de l’expérience sensible par lesquelles cela fait quelque chose de percevoir ceci ou cela (couleur, son, chaleur, odeur, matière, etc.) ? 

Et doit-on penser :

a - Que se sont donc des effets subjectifs ressentis et associés de manière spécifique aux états mentaux comme: les expériences perceptives ; les sensations corporelles (douleur, faim, plaisir, etc.) ; les passions et émotions ?

b - Que ces “qualia” sont par définitions inconnaissables en l’absence d’une intuition directe ; ils sont donc aussi incommunicables ? 

 Pendant que le beau capitaine est parti faire un tour de hors bord avec Madame SKLAVENITIS, les demoiselles s’imprègnent du problème tout en habillant leurs corps des liquides de la mer, l’esprit nu. Elles savent que dès son retour, le boss vérifiera sans état d’âme et personnellement la qualité de leur réflexion philosophique sur le sujet imposé. Ce sera un oral au cas par cas, chacune devant présenter sa propre version du sujet en cabine.

  Sûrement que celle qui n’y arrivera pas se fera tailler un short et finira le reste de ses jours en fond de cale ?

Le dessin "Nue Hors bord" représente Madame SKLAVENITIS au volant du hors bord de son mari. Monsieur est hors champs à côté du dessinateur. La dame est prothésiste et spécialiste en pause de minerve pour les gens qui ont subit le coup du lapin. Ce serait peu dire que de dire qu’elle est la meilleure  en prothèse, hypothèse, antithèse, synthèse, et autres thèses.

Le couple vient de discuter d’un sujet qui les passionne : l’effet placebo (2).

« C’est encore un mystère pour la pharmacologie et la médecine en général » - Interroge-t-il, tout sourire.

« Comment l’effet placebo peut-il guérir s’il n’agit que sur la conscience? » - Questionne-t-elle à son tour, perplexe.

« Où est-ce que le processus mental d’un patient traité avec le placebo interfère-t-il dans la guérison? » - Poursuit-il,  tout excité.

« Est-ce que les maladies sont causées ou guéries par des idées ? » 

Surenchérit-elle, avec autorité.

Elle est contente, elle l’a  rhabillé ; la mer est bleue.

A quelques milles de là, accrochées au bastingage du yacht des SKLAVENITIS, une étudiante chante à tue-tête :

Aux premiers feux du soleil Youkaïdi, Youkaïda,

Toute le camp est en éveil, Youkaïdi, Aïda ;

On voit sortir de la tente

la troupe qui chante.

Les étudiantes reprennent le refrain en chœur :

Youkaïdi, Youkaïda Youkaïdi, Aïdi,

Youkaïdi, Youkaïda Youkaïdi, Aïda, Aïda. (...)

A ces images, nous voyons bien que tout ce beau monde partage une même conception de la nudité. Mais comme celles de la pudeur, les diverses conceptions de la nudité ont beaucoup évolué dans le temps et l’espace.

« La nudité était normale ou parfaitement tolérée chez de nombreux peuples des régions tropicales et équatoriales. Elle a été valorisée dans la Grèce antique notamment chez les guerriers et les sportifs (Les jeux olympiques se pratiquaient nus). Elle est souvent valorisée dans l’art (peinture, sculpture..) aux époques classiques, ainsi qu’à l’époque moderne. A d’autres époques, pour des motifs religieux souvent, elle est mal admise voire strictement interdite (ère victorienne au Royaume uni). Ainsi les missionnaires catholiques et protestants ont ils réussi (si imposer sa culture à des peuples en faisant preuve d’un ethnocentrisme radical peut être considéré comme une réussite) sur presque toute la planète en zone tropicale à faire reculer la nudité des adultes, puis des enfants. » Francine Barthe-Deloizy (3).

Dans notre univers occidental la vie de famille interdit la nudité, trop d’adultes une fois nus se retrouvent complètement décontenancé, réservent une certaine dénudation à la sexualité et le nu intégrale à l’exhibitionnisme pathologique. Cette situation enferme les corps du couple, des bébés et des enfants dans un ghetto sexiste, les hommes avec les hommes et les femmes avec les femmes (4).

Il faut tout un village pour élever un enfant.

« Une femme peut élever un enfant avec un homme qui n’est pas le père, des amis, sa mère, sa soeur, n’importe quelle autre femme, peu importe. Ce qui est dangereux est d’élever un enfant tout seul.

Le bébé est une éponge à sensations. Dans notre culture, il dépend entièrement de l’état de sa mère. Si elle ne va pas bien, il n’ira pas bien. Or jusqu’à 15 % des femmes font une dépression après l’accouchement. Certaines le vivent comme une perte. Contrairement au baby blues, très fréquent, mais qui disparaît au bout de quelques jours, la dépression du post-partum peut durer des mois.

De façon générale, les pervers ont souvent été des enfants surinvestis par leurs parents, parce que ce surinvestissement affectif provoque un appauvrissement sensoriel vis-à-vis des autres. L’enfant que la mère enferme dans une prison affective risque de devenir un pervers. Il est prisonnier d’un seul récit, comme Sade ou Masoch. La psychanalyse européenne nous a fait croire que la mère suffisait pour élever un enfant. En Afrique, on dit qu’il faut tout un village. Nous devons d’urgence réinventer le village. Les Américains s’y mettent. Dans certains quartiers, les mères se regroupent pour participer à l’éducation des enfants. » Boris Cyrulnik (5).

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

N°5-"2 Nues à la plage", 2003, dessin à la mine de plomb sur papier arche, 50 x 65 cm.

« Le travail c’est la santé ! Rien faire, c’est la conserver » Boris Vian (1920-1959).

 

N°5 - Turn on, tune in, drop out.

Sur les plages des îles il y avait des filles, de belles étrangères, peu de françaises et pas du tout de grecques.

La mode c’était de chercher un endroit plus ou moins désert et la règle c’était d’être à poils, tout nu, toutes nues.

Le dessin "2 Nues à la plage", montre assez bien ce que l’on pouvait voir sur le sable du bord de mer en ces temps là.

« Ah, la, là !!! A l’eau les lolos de Lola, là! »

Jean-Bernard portait également très bien le zéro-kini aussi bien dans l’eau transparente de la mer Egée que  sur le sable chaud de la plage où  il lisait, au soleil, debout et à voix haute le "Bardo Thödol" ( Livre des morts tibétain) pour me faire remarquer.

C’est un texte du bouddhisme tibétain décrivant les états de conscience et de perceptions se succédant pendant la période qui s’étend de la mort à la renaissance. L’étude de son vivant ou la récitation du principal chapitre par un lama lors de l’agonie ou après la mort est censée aider à la libération du cycle des réincarnations, ou du moins à obtenir une meilleure réincarnation. Cette lecture lui avait été conseillé par les chevelus, tous “hippies” (1) voyageant en stop, "magic-bus" ou "WW-tube" et  que Jean-Bernard avait alors croisé en route vers le proche orient (2) pour faire le grand "trip" générationnel vers l’Inde des Beatles (3). « Turn on, tune in, drop out » était le slogan du grand gourou des paradis artificiels, psychologue, grand  militant pour l’utilisation scientifique du LSD, Timothy Leary (1920-1996) (4) ou la consommation de brown sugar (5), ne les métamorphosaient pas en fumée à Kaboul ils pouvaient être initiés et  suivre l’enseignement spirituel d’un Gourou à Bénarès ou accéder au nirvana sur le toit du monde, à Katmandou capital du pouvoir des fleurs après San Francisco (6).

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce livre rébarbatif et morbide en langue anglaise intriguait les filles de son âge ? Il faut dire que c’étaient plutôt des nord- américaines que des sud-européennes (il faut de tout pour faire un monde). Tel Adonis aux longs cheveux noirs tombant raides sur ses larges épaules burinées, Jean-Bernard proposais à la cantonade des lectures publiques de cet appât épatant. Le simple respect pour les morts du livre imposait la position assise en ce gynécée où se pressaient gazelles, nymphes, ondines et déesses.  Une bonne  tenue était de rigueur, assis en lotus, la colonne droite comme un “i”, le pouce et l’index joint sur la cuisse, elles méditaient chaque son sortant de la bouche de leur érudit locuteur. Dans une écoute totale, face à ce messager estival providentiel, leurs sens s’ouvraient à l’immortalité nue de la méditerranée, du ciel et de l’au delà.

Quand il n’y avait plus rien à entendre et à dire,  elles soufflaient  du plus profond de leurs magnifiques poitrines, le son « HOMMMM ». Tous alors couraient piquer une tête dans la grande bleue et nager à toute vitesse le plus loin possible vers l’Afrique. Il y avait toujours une sirène pour rejoindre Jean-Bernard au large. Nos nageurs reprenaient alors leur souffle dans une brasse des plus emmêlées pour revenir prendre pied pour un genre de relation plus terre à terre.

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

N°4-"4 Nues Plage", 2003, dessin à la mine de plomb sur papier arche, 65 x 50 cm.

« L’adolescence est l’âge où les enfants commencent à répondre eux-mêmes aux questions qu’ils posent.» George Bernard Shaw (1856-1950) (1).

 

N°4 - 4 ados.

Le dessin intitulé "4 Nues Plage" représente des adolescentes qui s’amusent. Le jeu leur permet de prendre conscience qu’autrui et à la fois un semblable et un sujet différent de soi.

Proximité et distance caractérisent autrui.

Proximité, parce qu’il s’agit d’un sujet conscient de lui-même; distance parce qu’il s’agit d’une conscience singulière.

C’est une image sans garçon.

La poussée hormonale de l’adolescence provoque une déstabilisation de l’équilibre de l’enfance qui a des conséquences sur tout le champ de la personnalité. Cette phase est marquée par des changements : physiques importants et visibles, affectifs modifiant la vie relationnelle, intellectuels pour trouver du sens à la vie et à sa vie et psychiques vers une recherche identitaire ainsi qu’une acquisition progressive de l’autonomie.

Dans l’espèce humaine, l’adolescence est une particularité biologique qui la différencie nettement de la période des enfants de 6-12 ans. Comme chez la plupart des espèces animales de vertébrés, la croissance de l’individu n’est pas terminée avant la mise en route de la reproduction. L’adolescence est une longue période de la vie dans les sociétés occidentales où l’acquisition d’autonomie est tardive avec une scolarité importante retardant l’entrée dans la vie active.

Mais restons subjectif, une subjectivité qui est le propre du sujet considéré comme être réel doté de qualités et qui produit des actes. Le mot sonne un peu comme affectif, c’est bien que le subjectif  est « ...ce motif omniprésent qui se manifeste partout où est la relation sociale, dans la variation infinie de ses jeux » Jocelyn Benoist (2).

Qu’est-ce qui est réel ?

Une autre réalité: l’illusion du 27-10-2005, Chou Ming Fu - magicien professionnel (spectacles de scène et close-up magie rapprochée)

« Dans la représentation d’un numéro de magie le spectateur a une perception décalée de la réalité. La réalité qui est présentée par le magicien, est une deuxième version d’une réalité première ignorée du public. Chacun des protagonistes détenant sa réalité.

Il n’est pas rare que plusieurs spectateurs aient des perceptions différentes du même numéro, donc des réalités différentes... Également, de nombreux éléments interférant dans un spectacle vivant : la salle, la musique, la lumière, le type de public, ... il y aura autant de perceptions différentes que de représentations du même spectacle qui également ne sera pas le même à chaque fois, car lui même soumis aux éléments environnants.... À l’instar des expériences scientifiques.

Il existe donc bien une autre réalité, voire même un nombre infini de réalités (...) dans la culture de l’affection et des pensées, dont l’expérience constitue la teneur du retour à soi, il ne faut voir que le ressac du monde, le retour à soi étant retour du monde à soi, non pas dans la clôture de ses jeux, mais dans le passage toujours de nouveau possible d’un de ses jeux à un autre. La “solitude” où je “me” trouve me reconduit vers les autres, vers l’expérience d’autres formes de la relation sociale, en dehors des codes établis. Le moi se noue et se dénoue, d’un code à un autre. L’échelle de ces variations est la subjectivité. »  Jocelyn Benoist (3).

Le processus de subjectivation, est souvent présenté comme un travail psychique, particulièrement marqué à l’adolescence. Si Freud use peu de l’expression de "sujet", c’est qu’elle semble de prime abord inutile à décrire l’économie libidinale, avant tout "manque de l’objet pulsionnel". D’abord collé à sa mère, l’enfant se distingue de celle-ci, il fait la différence, reconnaît l’objet comme extérieur à lui-même. La "transitionnalité" (4), travail psychique à partir d’un objet transitionnel, lequel ne peut s’entendre que "ni-moi-ni-non-moi". Ce travail amène l’enfant à repérer des phénomènes comme réunissant les individus : la culture relie ou plutôt assemble. L’objet transitionnel permettra d’atteindre une utilisation de l’objet reconnaissant ce dernier comme radicalement extérieur, détenteur d’une vie propre.

Dans la théorie de Lacan, le sujet prend tout son sens : il est justement opposé au moi.

« Je est un autre »  Arthur Rimbaud (1854-1891).

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

N°3-"2 Nues - Jeunes filles", 2003, dessin à la mine de plomb sur papier arche, 65 x 50 cm.

« La plus subtile folie se fait de la plus subtile sagesse. »  Montaigne.

 

N°3 -  Contraceptif.

Dans ce dessin à la mine de plomb intitulé "2 Nues - Jeunes filles", voilà deux biens belles jeunes filles de type nord européen ou nord américain. Dans les années 1970 (1), elles venaient librement exposer leur douce peau laiteuse au soleil de la mer Egée. Leur émancipation sexuelle dépassait complètement les méditerranéennes d’alors, les jeunes filles grecques et leurs voisines latines restaient très marquées  par les tutelles patriarcales ambiantes fortement enracinées dans la tradition judéo-chrétienne et orthodoxe. Les mères de ces jeunes touristes venues du nord de l’Europe et de l’Amérique avaient déjà transmises à leurs filles ce qu’elles avaient conquis dans leurs propres cultures. En matière d’égalité législative, notamment, ces pionnières avaient acquise l’obtention du droit de vote et donc la possibilité de pousser aux réformes qui les concernaient:  parité homme/femme dans le travail, égalité au sein du couple, le droit à la contraception, et le droit à l’avortement. Après les travaux en 1948 de Alfred Kinsey (1894-1956), parus dans  "Sexual behavior in the human male" (2) et "Sexual behavior in the human female" (3), puis ceux en 1966, de William Masters (1915-2001) et Virginia Johnson, dans "Human sexual response" (4), vint l’époque en 1976 de "The Hite Report" : A Nation wide Study on Female Sexuality, de Shere Hite (1942-…) (5),  puis du même auteur "The Hite Report" on "Men and Male Sexuality" (6), en 1981, qui allaient défrayer la chronique, tout le monde voulu connaître ces grandes enquêtes très précises de l’intime, sans aucune censure de la physiologie, de la clinique, de la sexualité des américains.

Il régnait alors, une sorte de choc des cultures, sur ces plages grecques bourrées d’étrangers. Il faut bien dire que la nudité n’a jamais été bannie en Occident, elle n’a été que soumise à des normes qui se sont progressivement allégées.

Ce sont les contraceptifs hormonaux (7), présentés en pilules qui ont vraiment fait évoluer la situation, depuis le début de leur commercialisation aux Etats-Unis. Ils consistaient majoritairement en l’association de deux produits synthétiques semblables aux hormones secrétées par l’ovaire : la progestérone et l’œstrogène. La pilule, prescrite par le médecin, assure une concentration constante d’hormones sexuelles pendant le cycle menstruel, elle bloque le déclenchement de l’ovulation au niveau de l’hypophyse.  Même si parfois elle entraîne l’émergence d’effets secondaires éventuels (nausées, prise de poids, problèmes de circulation sanguine, modification de la séborrhée, etc.), la pilule est à ce jour le moyen contraceptif le plus fiable, elle libéra la sexualité des femmes.

Mais la vraie nouveauté dans la révolution sexuelle, c’est l’émergence du désir de la femme, son affirmation, ainsi que l’émergence de la connaissance publique des fantasmes sexuels des hommes et de la propagation de la pornographie par ces derniers.

L’amour libre continue sous différentes formes tout au long des années 1970, mais finit brutalement quand le public découvre le SIDA (8), maladie sexuellement transmise (MST) et mortelle qui se propagea rapidement au début des années 1980. Les préservatifs avaient protégé les soldats de la dernière guerre mondiale contre les maladies vénériennes contractées pendant leurs campagnes militaires, mais  la pilule n’y protège pas. Aujourd’hui pour ma génération le contrôle des naissances répond toujours a plusieurs nécessités ou aspirations sociales : il s’agit d’abord, grâce à la planification familiale, de protéger la santé de la mère et de l’enfant, mais également de permettre que les maternités soient réellement désirées par les parents. Par ailleurs, grâce aux méthodes contraceptives modernes, le contrôle des naissances peut constituer un frein efficace à l’évolution démographique galopante que connaissent certains pays déjà surpeuplés.

La contraception est devenue aujourd’hui, de loin, le principal moyen de la planification familiale. Elle a connue une très large diffusion aux cours des dernières décennies. Au début des années 1970, environ 30% des femmes mariées utilisaient un moyen quelconque de contraception dans le monde. Au début des années 1990, la proportion est passée à 58% et, parmi elles, 49% utilisaient une méthode moderne. Dans les pays avancés, 3/4 des femmes mariées utilisent une méthode contraceptive (la plupart des autres n’en utilisent pas parce qu’elles veulent un enfant, sont enceintes ou n’ont pas besoin d’en utiliser une). Dans les pays les moins avancés, la proportion de femmes qui ont recours à la contraception est encore très faible (moins d’une femme sur 20 ou 25) ; le phénomène ne touche que des milieux restreints, en ville. L’avortement n’a pas disparut pour autant. On estime en effet que le nombre annuel des avortements dans le monde est voisin de 50 millions, alors qu’il y a environ 135 millions de naissances. Les pays ayant  recours le plus massivement à l’avortement sont la Chine et les pays issus de l’ex-Union Soviétique. En France, on compte 160.000 interruptions volontaires de grossesse chaque année, pour 700.000 naissances.

Cherchons le résultat qui devrait découler directement de ce théorème, cherchons ce corollaire dans l’anthropologie:

« Dans nos sociétés occidentales, il y a un impératif d’apparence idéale, de jeunesse et de séduction, encouragé par les médias et la publicité. L’extension de ce “souci de soi”, qui prend parfois des proportions inquiétantes, date de la fin des années 70. Avec la crise du sens des valeurs et du lien social, l’apparence est devenue la seule manière d’exister. Le plus profond est la surface, la peau et les formes du corps sont la seule manière dont on va exister aux yeux des autres. Dans une société sans boussole, notre place dans le monde devient problématique. Ce manque d’investissement de soi par la société est intériorisé. En plus, la société de consommation nous pousse à nous dévaloriser pour consommer davantage. C’est un cercle vicieux et destructeur. »  David le Breton (1953-…) (9).

D’autres dans une conjecture où nous ignorons la valeur de vérité, utilise le “lemme”, c’est à dire une assertion assez calculée, servant d’intermédiaire pour démontrer un théorème plus important (que nous attendons encore).

«Pendant qu’on nous amuse avec des guerres et des révolutions qui s’engendrent les unes les autres, en répétant toujours la même chose, l’homme est en train, à force d’exploitation technologique incontrôlée, de rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie supérieure qui s’étaient jusqu’alors accommodées de sa présence. Le paradis concentrationnaire qui s’esquisse et que nous promettent ces cons de technocrates ne verra jamais le jour parce que leur ignorance et leur mépris des contingences biologiques le tueront dans l’œuf. La seule vraie question qui se pose n’est pas de savoir s’il sera supportable une fois né, mais si, oui ou non, son avortement provoquera notre mort. » Pierre Fournier (1937-1973) (10).

« Il faut choisir, la seule voie possible aujourd’hui, entre les deux impasses de la surenchère technologique et de la régression préscientifique. On ne fera l’An 01, ni avec les techniques du vingtième siècle, même en ne conservant que le minimum » : objectif inaccessible, car elles sont irréductibles par nature, ni avec les conceptions du Moyen Age car la pensée scientifique a tout envahi, et c’est d’elle qu’il faut partir ou de rien. C’est donc avec lucidité, la lucidité que donne la méthode scientifique appliquée jus­qu’au  bout, qu’il va falloir devenir intuitifs et actifs. » Pierre Fournier dans "Charlie-Hebdo", nov. 1972.

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

N°2-"2 couples à la pèche aux coquillages", 2003, mine de plomb sur papier, 60 x 55 cm.

N°1-"Mère et enfant", 2003, mine de plomb sur papier, 60 x 55 cm.

« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi, ni à personne, voilà je crois, toute la morale. » Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort (1740-1794) dans" Cliam-fortiana".

 

N°2 - 1 - Toucher.

Le dessin intitulé "Mère et enfant" représente une mère de plus ou moins 35 ans, qui prend des notes sur un carnet, tandis que son fils boit le contenu d’une cannette de soda. Il nous regarde et malicieusement tout en se gargarisant avec sa boisson gazeuse, il doit avoir entre 5 et 6 ans. Le dessin intitulé "2 couples à la pèche aux coquillages" représente deux jeunes couples de plus ou moins 22 à 26 ans qui ramassent des coquillages sur quelques rochers en bordure de mer.

« Si vous y mettez un doigt, le corps y passera tout entier. »

« Or, ni le plaisir de l’attouchement, ni le plaisir du sexe ne sont légitimes, en dehors de la reproduction. Les caresses tentatrices et incitatrices sont à éviter absolument. Quant à la caresse gratuite, on n’a même pas idée de son existence. De toute façon, le plaisir, qu’il soit de peau ou de sexe, est un “péché de chair”.

L‘homme occidental va donc renier son corps et jouer à l’ange toute sa vie. Pour cela il fallait lui amputer les mains, sauf pour travailler, Chez les garçons, la mère économise sa tendresse et la tarit précocement pour éviter un attachement trouble, que Freud appellerait oedipien, et l’éveil de sa sensualité. Quant au père et aux éducateurs masculins, ils s’interdisent tout contact personnalisé  avec leurs fils ou leurs élèves de peur de dévier cette sensualité vers l’homosexualité. Il ne faut pas s’étonner que les garçons s’imaginent que toucher à forcément un but sexuel. Ce qui décuplera leur envie de le faire. S’ils enfreignent les interdits, ils ont un plaisir ahurissant à toucher, et croient que les filles vont ressentir les mêmes troubles et s’abandonner irrésistiblement jusqu’au don du sexe. Ce qui est une première erreur. Adultes, ils persistent à considérer l’attouchement comme le moyen d’arriver à l’acte sexuel et à ignorer le toucher comme une fin en soi, comme une communication tactile. Ce qui est une autre erreur. La culture, qui n’est qu’une émanation de la religion greffée sur le tempérament d’une population, a aggravé la condamnation de la main. En particulier dans les pays anglo-saxons (No touch). Il est interdit de toucher parce que c’est contraire à la dignité. Exprimer son émotion, son affection, surtout par les mains ou des contacts physiques étroits, est vulgaire, “shocking”. L’Anglais de la bonne société doit avoir du « self-control”, (...) il se limite au “shake-hand” (littéralement, « secousse de la main » !). La société, enfin, a institué une inégalité entre les sexes qui exagère la différenciation naturelle. L’homme se doit d’être viril, ce qui signifie: peu sensible à la souffrance, au froid, à la fatigue et..., à la caresse, et peu démonstratif, c’est-à-dire ne manifestant pas la douleur, la fatigue ou le bien-être. Un homme ne s’abandonne pas, ne pleure pas, ne caresse pas. »  Gérard Leuleu dans  “Le traité des caresses”.

Une vie d’artiste est constamment confrontée à sa propre sensualité et à celle des autres,  les scènes les plus torrides  sont liées à l’observation et au travail manuel. Certaines situations de groupe provoquent parfois des excitations sexuelles non maîtrisées des plus  inattendues. Femmes ou hommes en groupe mixte ou pas, quand ils se retrouvent  en situation de caresser des yeux un être vivant, une chose ou un paysage sont émus. Ils le sont d’autant que, si parallèlement,  ils tracent de la pointe d’une mine de plombs les sinuosités des lignes qui séparent creux et bosses, lumières et ombres ; ou s’ils caressent d’un pinceau chargé d’une matière plus ou moins colorée et plus ou moins liquide et visqueuse, une surface ferme et bien tendue ; ou encore s’ils modèlent des doigts de la terre à modeler. Certains ambitieux n’arrivent jamais à dépasser le stade d’orgasme spontané en cours d’action, tandis que d’autres en anticipent ou différent l’excitation vers une masturbation ou relation sexuelle, avant, pendant ou après. Certain amateurs jouissent prématurément et se privent alors de la puissance  de la maîtrise de son énergie sexuelle pour réaliser de puissants chef-d’œuvres propres à exprimer notre incommensurable sensualité et sensibilité humaine. D’autres laborieux jouissent pendant, le travail est interrompent précocement leur ouvrage. Beaucoup d’artistes jouissent l’œuvre achevée, c’est le plaisir parfait et on passe à autre chose. La retenu impose toutefois de se retenir encore et de jouir à donner du plaisir à ses semblables, c’est là, la sublime sublimation de la contemplation, l’extase de la relation partagée dans l’altérité, la reconnaissance apaisante de l’autre, des autres. Si personne ne jouit jamais, il faut consulter, c’est grave ! Allons détendez-vous, c’était une blague !     Tout n’est pas que sexuel !

Qu'est-ce qui distinguent les hommes des animaux ? Le langage ? La raison ? La conscience ? La créativité ? Et s'il ne s'agissait là que de leurres ? Et si la spécificité de l'homme, c'était avant tout son incroyable capacité à n’imiter que ses semblables ? (1).

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

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N°8-2- Giuseppe Lo Duca, Histoire de l’érotisme, éd. Pygmalion, 1980.

N°8-3- Colette de Belloy, Lilith ou l’un possible, éd. Altess, 1999.

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