
Composition - N°7
N°7"Guerre froide", 2006-08, acrylique sur toile, 162 x 195 cm.
« (…) Unir Freud à Marx est conjoindre au noyau de l’homo faber le noyau de la psyché. L’âme est ici la notion protoplasmique, colloïdale où communiquent la nature affective de la vie et la nature psychique de l’homme; c’est la plaque tournante du complexe psycho-affectif. L’âme n’est donc pas une donnée ultime mais un complexe en mouvement difficile à définir. Les deux noyaux constituent comme une bipolarité autour de laquelle s’ordonne le phénomène humain. Ils fondent deux infrastructures, l’une produisant l’outil, l’autre sécrétant le rêve. Ces deux infrastructures dépendent mutuellement l’une de l’autre, se trouvant souvent en communication étrange, mais on ne saurait les réduire l’une à l’autre…» Erich Fromm (1900-1980), psychanalyste humaniste nord-américain, auteur de "La passion de détruire : Anatomie de la destructivité humaine" (1).
N°7 -A-Guerre froide.
La peinture intitulée "Guerre froide", se voulait être une évocation de la guerre qui porta ce nom. Elle représente une réunion d’adultes de petites tailles sur les bords de la piscine d’un centre de conférence pour handicapées. Le nom handicap (2) vient de l’association des mots anglais "hand - in - cap" qui pourrait se traduire littéralement par "main dans le chapeau", tirage au sort, jeu de hasard, chance ou désavantage, selon. Dans le cas d’une épreuve sportive dans laquelle les concurrents les plus forts sont pénalisés d’un désavantage (temps, distance, points, etc.), on peut parler de handicap, contrairement aux plus faibles qui reçoivent, au départ, un avantage. Mais ce mot est surtout utilisé pour désigner un cas d’infirmité ou de déficience, mentale, sensorielle ou motrice, congénitale ou acquise, qui entraîne pour le sujet qui en est victime un désavantage par rapport aux individus indemnes du même âge.
C’est la pause, il fait beau, les gens se détendent, réfléchissent, discutent, draguent et se baignent. Dans les représentations de personnages que je donne à travers mon activité artistique, la nudité, tout comme le vêtement et la parure, sont toujours porteuse de sens, qu’elles s’inscrivent ou non dans un système d’opposition entre le nu et le vêtu. Quelle soit investie d’une dimension sociale, morale ou philosophique, voire religieuse, l’image du corps dénudé est rarement vouée à la seule contemplation esthétique. En arrière plan de cette scène de groupe, derrière une poubelle et une barrière en bois, passent les silhouettes d’un défilé de militants de l’ex URSS (3). Les manifestants avancent de droite à gauche brandissant des drapeaux rouges à l’emblème du parti avec représentés en or, la faucille et le marteau symboles du communisme et des slogans en caractère cyrillique incompréhensibles. En arrière plan, est tendu un immense drapeau recouvert du portrait des pères fondateurs du communisme (4) de la troisième international.
« La nature ne contient pas de ligne mais l’imagination en a. » William Blake (1757-1827) (5).
En Russie La révolution d’octobre a commencé par le coup d’état mené par Lénine et les bolchevicks le 25 octobre 1917. Elle est suivie par la guerre civile russe (6), puis la création de l’URSS en 1922. Après la grande guerre de 14-18, parmi les peuples belligérants, certains chantaient la victoire, d’autres, le désespoir. En URSS, les peuples ont commencé à sourire dans les années 20, puis dans les années 1930, mais ce sont les lendemains des années 1940 qui génèrent une euphorie généralisée. Sur fond de drapeaux rouges, l’horizon est radieux. Le train du progrès est en marche. J’ai représenté la fameuse brochette des intégristes barbus Marx, Engels, Lénine en omettant Staline (pas de place) qui dès le début des années 1950 figure la révolution en marche en adoptent tous un petit sourire convenu devant les masses en mouvement de l’allégresse populaire.
Ce tableau s’appelle évidemment aussi "Guerre Froide" en référence au raidissement diplomatique et idéologique du même nom qui paralysa les relations entre les pays occidentaux (Europe de l’Ouest, Etats-Unis et pays de l’OTAN) et les pays du bloc soviétique (URSS, pays d’Europe de l’Est, Chine populaire, Corée du Nord, Vietnam, Cambodge, etc...), entre 1945 et 1989. On peut dire que la première guerre mondiale, la "der des der" comme l’appelaient les poilus (7), a pourri la vie des grands-parents de Jean-Bernard Pouchous, il peut ainsi dire que la "drôle de guerre" (8) et l’occupation, ont pourri la vie ses grands-parents et de ses parents.
« Maréchal nous voilà ! ... Ah Putain ! » (9) Sous le gouvernement de Vichy fort d’une volonté vertueuse (travail-famille-patrie) (10) et de l’autorité suprême de Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain (1856-1951) (11), vainqueur de Verdun, général de "La butte sanglante" en 1915 (12), celui qui jugula la crise du moral et des mutineries de 1917 (13), maréchal de France en 1918, collaborateur (14) de l’Allemagne nazie (15), deux courants ne cessent de s'y affronter : d'un côté, la droite conservatrice et cléricale désireuse d'en finir avec la démocratie républicaine; de l'autre, un courant fasciste fasciné par le modèle allemand, souvent encadré par des personnalités venues de la gauche socialiste et communiste. L'ordre moral des premiers ne parvient pas à cohabiter avec l'ordre viril des seconds. Contradiction aussi entre une France vaincue et humiliée, que les discours officiels invitaient à la pénitence (16). La résistance (17) et les maquis (18) mettront fin à ces débordements en tous genres en préparant le dénouement finale de la deuxième grande guerre mondiale (19), qui avec les débarquements américains (20) et alliés (21) changèrent profondément cette France là et l’Europe entière.
« Les français parlent aux français… » 18 juin 1940, la France libre est issue du ralliement au général Charles de Gaulle (1890-1970) (22), des Français qui veulent poursuivre la lutte contre l'Allemagne aux côtés des alliés britanniques. En septembre 1941, sous le nom de Joseph Jean Mercier, Jean-Moulin (1899-1943) (23), rencontre le général qui le charge d'unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents sur le territoire français et d’en faire une armée secrète. Sous le nom de Rex, il s’impose comme chef du CNR (Conseil national de la Résistance).
Mais que font les États-Unis d’Amérique?
Les grands-parents et les parents de Pouchous participèrent courageusement à cette grande libération, ce qui ne fut pas partagée par tous leurs contemporains. Enfin on ne peut pas dire que les guerres de la décolonisation des empires occidentaux (24) et de la "Guerre Froide" (25) qui suivirent, gâtèrent les trente glorieuses (1945/ 75) "à la française" (26), dans lesquelles Jean-Bernard a vu le jour et vécu sa jeunesse et son adolescence.
Jusqu’au début de l’année 1945, les exigences de la lutte commune contre les forces de l’Axe composées de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et de l’empire nippon, ont fait passer au second plan les désaccords entre les vainqueurs concernant l’organisation du monde après la défaite du IIIe. Reich allemand. La division de l’Europe n’est pas le résultat des accords de Yalta signés le 11 février 1945 (27), par Staline, Churchill et Roosevelt, mais de la guerre froide (28). Cette guerre était devenue inévitable dès lors que Staline dont l’armée rouge était à cent kilomètres seulement de Berlin à ce moment là, avait commencé à imposer aux pays qu’il occupait en Europe orientale, des pouvoirs à structures "socialistes" pour ne pas dire totalitaires. L’URSS, qui sort exsangue de la deuxième guerre, transforme très vite sa zone d’occupation en zone de pillage organisé appelée les pays de l’Est (29). Si la partition de l’Allemagne n’intervient qu’en 1949 (année de ma naissance), tout indique qu’elle est contenue dans les prises de position antagoniste dès 1946, ce qui n’avait pas échappé à Winston Churchill (30), qui, dès "Yalta", parle déjà d’un "rideau de fer" (31). En 1985, l’arrivée au pouvoir en URSS de Mikhaïl Gorbatchev (1931-…) (32), aboutit rapidement à un dégel américano-soviétique, puis au démantèlement de l’empire soviétique en 1991. La chute du mur de Berlin (33), en novembre 1989 (j’ai alors quarante ans), par sa portée symbolique, peut être considérée comme la fin de la "Guerre Froide".
Gorbatchev avait déclaré peu après la chute de l’empire soviétique: « J’ai fait la pire chose qui pouvait arriver aux États-Unis : je leur ai enlevé leur meilleur ennemi ». Aujourd’hui, c'est un véritable cri d'alarme qu’il lance en tant que président fondateur de Green Cross International (1993) en s’adressant à l'opinion internationale. Au moment où s'achève le dernier Sommet de la Terre à Johannesburg (2002), le président russe incite à une véritable perestroïka des consciences, afin de sauver et protéger l'environnement dans un contexte de développement durable.
N°7 -B- Malheur aux vaincus!
« Nous sommes tous des vers », avait modestement confié le jeune Winston Churchill (1874-1965), à une amie, « mais je crois que moi, je suis un ver luisant ! » (1).
Mais que sont les États-Unis d’Amérique?
Dégageons avec l’aide d’un texte extrait du "Que sais-je ? " sur L’Imaginaire (2) écrit par Jean-Jacques Wunenburger professeur de philosophie à l’université de Jean-Moulin - Lyon III, quelques formes de l’identité de l’imaginaire sociopolitique américain, tel qu’il peut être restitué à partir de points de vue externes et souvent explicitement critiques, en particulier européen :
« Les grands thèmes d’une mythanalyse américaine pourraient se décliner selon quatre entrées :
1/ Un manichéisme ontologique et moral: les Pères fondateurs des idéaux américains ont d’abord légué aux colons blancs européens une foi missionnaire et messianique, dont l’imaginaire est préfiguré dans la structure psycho affective du calvinisme. Se considérant comme les élus du nouveau royaume de Dieu sur terre, du Paradis retrouvé, les premiers Américains se perçoivent mythiquement comme des hommes bons. Dès lors en résultent deux représentations du mal : d’un côté, le mal extérieur au groupe, hypostasié en Diable, projeté sur des forces hostiles qu’il appartient aux croyants de combattre et d’éradiquer. La conquête de l’Amérique s’accompagne dès l’origine d’une forme de génocide brutal, l’Indien incarnant, comme « peau rouge », une figure satanique; c’est pourquoi aussi les Américains se détournent avec tant de répugnance de l’Europe, ancienne terre corrompue, en particulier par l’Église catholique, ce qui ne manquera pas de susciter un isolationnisme transatlantique et une politique de la mise au pas des puissances européennes.
De l’autre côté, le mal intérieur au groupe est cultivé dialectiquement comme un aiguillon du bien; il faut alimenter sans cesse la société américaine de figures violentes de transgresseurs, de gangsters, de cowboys, mais dont le destin est toujours compatible avec une rédemption.
Dans les deux cas donc la société américaine repose sur un antagonisme tranché entre bien et mal, le bien étant toujours vainqueur, à l’extérieur par la négation, à l’intérieur par le rachat et le salut.
2 /Un mythe matriarcal : l’exil hors d’Europe, dans la misère et la souffrance, s’est accompagné d’un mythe d’émancipation à l’égard d’une servitude, imposée par l’ancienne structure autoritaire européenne. La naissance d’une nouvelle histoire dans un nouvel espace doit se payer alors au prix de la mise à mort de l’ancienne.
On peut dès lors se demander si la création des États-Unis par des groupes de déracinés ne correspond pas dans l’imaginaire collectif à un meurtre originaire du Père. Dès lors les fils, tous frères, scellent ensemble le contrat d’un nouvel ordre, dénué de structure patriarcale, autoritaire. La fraternité américaine se détermine dès lors par rapport à la seule mère, qui assume jusqu’à la caricature l’autorité sur les hommes.
C’est pourquoi la société américaine transforme l’image paternelle en figure absente, impuissante, complice des fils qui la traitent en alter ego ; n’est-il pas significatif d’ailleurs que l’imaginaire américain n’intègre pas de véritable héros guerrier, le soldat lui-même assumant moins une valeur symbolique qu’une fonction civile? En conséquence on voit l’image maternelle être survalorisée comme figure nourricière, symbole de sécurité et d’abondance, véritable inspiratrice de la société de consommation: car la femme maternelle, la "Mom" (à opposer à la "femme fatale" source de déchéance et de ruine), incarne la voie rédemptrice de la paix et de l’amour.
Cet imaginaire maintient les individus dans une culture de jeunesse, à l’âge infantile, préoedipien, à l’abri des affrontements avec l’autorité et figés dans une oralité primaire (d’où les modes alimentaires de consommation).
Il est d’ailleurs significatif que l’imaginaire américain adulte ait privilégié un univers immature (celui des comics, de Mickey), ait projeté ses affects dans le monde féerique des bêtes (Disneyland), privilégié la bande dessinée avec une langue régressive de “bulles”, d’onomatopées, de monosyllabes, etc. Dans le monde de Mickey, dominé par l’aspiration à la propriété et à la sécurité, les personnages (Donald, Taram, Daisie), qui ne dépassent pas quinze ans, ne connaissent aucune évolution et sont privés de toute profondeur initiatique.
3 / Un mythe de la communauté fusionnelle : cette société de frères et soeurs, inspirés par le Dieu unique, sans aucune médiation charismatique ni étatique, a dès lors fondé toutes ses relations sociales sur l’égalité et la transparence publique. L’égalité n’est pas le produit d’une institution civile, comme dans la tradition politique française, mais l’expression d’une nature en proximité directe avec Dieu.
L’égalité mythique fonctionne ainsi comme un don providentiel, qu’il n’est même pas nécessaire d’instituer, de concrétiser. Les prescriptions égalitaires n’ont d’ailleurs jamais été dans les faits incompatibles avec les plus grandes inégalités, comme en témoignent les porte-parole historiques de la communauté qui ne voyaient pas de contradiction à être simultanément égalitaristes et ségrégationnistes, voire esclavagistes.
4/ Un culte mythique de l’argent: héritiers du Paradis, les Américains se croient destinés à en faire fructifier les richesses naturelles, dont le médium symbolique, sur le plan de la culture, va être l’argent (le dollar). Véritable "pharmakon" ambivalent (poison et remède), l’argent incarne simultanément le vice, les turpitudes, mais aussi la vertu et le travail. Dès lors toute réalité se trouve rapportée à ce référent symbolique, elle doit devenir monnayable et gagne effectivement en valeur à mesure de l’accroissement de son prix. Il en résulte que tout doit être évalué par rapport à la quantité.
Dès lors la vocation sainte de chacun est de réussir sa vie (selfman made) et de s’enrichir (to make money ). Si l’argent peut certes exposer au mal, il peut au contraire rendre son possesseur meilleur s’il est bien gagné par l’intelligence des affaires. Le “businessman” oeuvre toujours pour le royaume de Dieu et Jésus n’est pas loin d’être comparé à un homme d’affaires éclairé. La richesse gagnée devient ainsi une pierre philosophale qui nous rapproche de la perfection divine, ce qui inspire sans doute les multiples téléévangélistes gérant leurs ouailles à la manière d’une entreprise religieuse.
Ces quatre mythèmes constituent donc le noyau dur de l’imaginaire américain, qui croise de manière inédite religiosité messianique, politique puritaine et un matérialisme hédoniste. » Élise Marienstrass dans "Les mythes fondateurs de la nation américaine" (3).
Jean-Bernard Pouchous a donc durant de nombreuses années vécues les différentes pressions ou passions de son entourage composé d’intellectuels et d’artistes simplistes engagés dans les joutes idéologiques partisanes d’un monde bipolaire qui les dépassait, où les deux supers grands organisaient avec le consentement implicite des masses populaires, la vie politique et publique des hommes et des femmes en deux blocs antagonistes et conflictuels.
Superman USA contre Superhéros CCCP.
Manipulation, vous croyez !
La propagande "communiste" a été développée bien avant la révolution d’octobre avec la lutte contre les grands propriétaires terriens et l’individualisme petit bourgeois des républicains. Cette propagande c’est révélé particulièrement efficace d’abord dans l’émigration des révolutionnaires, par le "Groupe pour la libération du travail" puis ouvertement après la révolution russe de 1905 (4).
N°7 -C- URSS.
Avec le coup d’état mené par Lénine et les Bolcheviks (une fraction du Parti ouvrier-social-démocrate de Russie) le 25 octobre 1917 (1), Vladimir Ilitch Oulianov plus connu sous le nom de Lénine (1870-1924) (2), remet à l’ordre du jour la directive de la section russe de la “Deuxième internationale”: pouvoir aux soviets, usines aux ouvriers et terres aux paysans. Crée en 1917, la Tchéka (Commission extraordinaire pan-russe pour la répression de la contre-révolution et du sabotage) à l’image des Jacobins de la Révolution française instaure la "terreur rouge" (3), impitoyable réponse à la "terreur blanche" imposée par l’ancien régime. Après 3 ans de guerre civile contre les "Russes blancs" (4), assistés par les puissances occidentales et suite à leur victoire, le 22 décembre 1922, les "bolcheviks" instaurent l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) et la Russie devient une des républiques de l’union. La troisième internationale est née sous l’impulsion de Lénine en 1919. Le premier congrès de l’internationale communiste (Komintern) se tient à Moscou, il est dirigé par le Parti Communiste de l’Union soviétique (5). La propagande bat son plein. Dès la prise du pouvoir, le nouveau régime tourne à la dictature réprimant toute opposition. L’homme qui va organiser "l’armée rouge des ouvriers et paysans" (6) et la rendre efficace au combat sera Léon Trosky (1879-1940) (7), commissaire à la guerre de 1918 à 1924. Il rend le service militaire obligatoire de 18 à 40 ans, puis, se méfiant de la hiérarchie militaire formée à l’idéologie tsariste et à la connaissance de l’aventure désastreuse de l’armée de la Commune de Paris en 1870, il contrôla cette armée populaire par un encadrement de commissaires politiques chargés de former les esprits à la pensée du parti. Ce fonctionnement qui a indéniablement sauvé la révolution est devenu, pendant la guerre civile, un redoutable instrument répressif. En 1920, les troupes de Trotski se retournent contre leur ancien allié, l’anarchiste ukrainien, fils d’ancien serf, Nestor Makhno (1889-1934) (8), et mettent fin brutalement à l’expérience de la Makhnovtchina des drapeaux noirs. L’Armée rouge va se distinguer en rattachant de force à la nouvelle union les éphémères États d’Arménie (1921) et de Géorgie (1922), pourtant internationalement reconnus. La Tchéka est dissoute en 1922 et remplacée par le GPU (Direction Politique d’État), une police politique qui participe à l’application des plans quinquennaux mis en place par Staline. La propagande bat toujours son plein.
Lénine meurt en 1924 laissant sa succession ouverte. Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili plus connu sous le nom de Joseph Staline (1878-1953) (9), va en quelques années se hisser au pouvoir en éliminant physiquement ses rivaux. Le plan de collectivisation est repris avec vigueur et les terres agricoles sont regroupées par la force au sein de grandes coopératives. La machine de propagande communiste fonctionne à plein régime. En même temps, Staline mène une politique répressive qui envoie au "goulag" (Direction principale des camps de travail) (10), ou à la mort plusieurs millions de personnes et instaurer à son profit, un véritable culte de personnalité. La "bolchévisation" met au pas les sections nationales du mouvement communiste pour qu’elles répercutent purement et simplement les points de vue de Moscou. A partir de 1928, l’Armée rouge va sérieusement s’armer d’un équipement militaire de pointe alignant au milieu des années 1930 plus de chars et d’avions que toute autre armée au monde. Pourtant Staline n’hésita pas à la fin des années 1930, à pratiquer des purges politiques (11) invraisemblables dans l’Armée, si importantes qu’elles décapitèrent une partie importante de son état-major et du commissariat politique hérité du Léninisme. Très impopulaire par sa politique de répression, la GPU est dissoute et remplacée en 1934 par le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures).
La propagande est instituée.
Dans la nuit du 30 au 31 août 1935, le mineur Alekseï Grigorievitch Stakhanov (1905-1977) aurait abattu 102 tonnes de charbon en six heures, soit environ quatorze fois le quota demandé à chaque mineur. Ce record avait été orchestré pour servir de modèle aux autres ouvriers, afin qu’ils travaillent plus et si possible qu’ils dépassent les cadences et les quotas de travail imposés. Cette campagne fut ensuite utilisée à l’extérieur pour "démontrer" l’adhésion des travailleurs au stalinisme, les capacités de "l’Homme Nouveau", les extraordinaires capacités productives du régime et instaurer le culte du “stakhanovisme”.
À la fin de 1936, avant même que les grandes purges ne commencent, le Parti ne compte plus que 1.450.000 membres, soit une diminution de 750.000 en quatre ans. En 1937, première année de purge en profondeur, 50.000 autres membres disparaissent des registres, le plus souvent fusillés ou envoyés dans des camps.
En 1939, les forces soviétiques commandées par le général Gueorgui Joukov (1896-1974) (12) survivant des grandes purges, vont infliger dans les plaines de Mongolie, une lourde et humiliante défaite aux forces japonaises en combinant attaques de fortes unités de chars de combat, soutenues par une intensive coopération entre les forces de blindées légers et l’artillerie de campagne avec l’aviation comme force d’appui des troupes au sol. Ce revers subi par l’Armée de terre impériale nippone expliquerait la réticence du Japon à attaquer l’URSS au cours de la seconde guerre mondiale. Conformément au protocole secret du Pacte germano-soviétique (13), le 17 septembre 1939 l’Armée rouge franchit la frontière et écrase l’armée polonaise pour occuper le pays. Mais les purges et les éliminations sommaires on fait de gros dégâts et expliqueraient l’incompétence de l’Armée rouge en 1937 pendant la guerre d’Espagne (14), son échec dans l’invasion de la Finlande en 1939-1940 et sa totale surprise face à l’attaque éclaire de l’opération "Barbarossa" d’Hitler (15), pour envahir l’union soviétique en 1941. « nous croyions que Staline ruinerait l’Armée rouge. C’est le contraire qui est vrai. Le bolchevisme peut ainsi tourner toute sa force contre son ennemi. » commente en 1943 Joseph Goebbels (1897-1945) (16) le ministre du Reich à l’Education du peuple et à la Propagande du régime nazi depuis 1933.
Le 7 décembre 1941, l’aviation de la marine impériale japonaise attaque par surprise Pearl Harbor, provoquant l’anéantissement de la principale flotte de l’United States Navy stationnée dans l’archipel d’Hawaii au coeur de l’océan pacifique (17).
Pendant ce temps, l’Armée rouge, bien que prise d’abord au dépourvu par l’attaque hitlérienne, retourna la situation aux prix d’énormes sacrifices, perdant aux combats d’innombrables soldats à la bataille de Stalingrad (18) (Saint Pétersbourg) durant l’hivers 1942/43 puis pour en finir à la bataille de Berlin d’avril à mai 1945 (19), considérée comme une des plus sanglantes et la plus meurtrière de la guerre (20). L’armée d’URSS écrasa victorieusement l’armée du III e. Riech. C’est au centre de l’Allemagne, sur une ligne nord/sud, future ligne de démarcation entre l’Est et l’Ouest, que l’Armée rouge rejoint les forces américaines et alliés qui avaient débarqué en juin et août 1944, en Normandie. Le 7 mai 1945, la capitulation sans condition de l’Allemagne est signée au Suprême Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF) dont Dwight David Eisenhower (1890-1969) (21) était le commandant en chef. Le 8 mai 1945, la reddition allemande est entérinée pour les Soviétiques par Joukov, à Berlin même par la signature de l’armistice auprès de toutes les nations belligérantes ce qui met fin à la guerre en Europe.
Le 9 août 1945 l’URSS déclare la guerre au Japon et entre au Manzhouguo. Les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki 6 et 9 août 1945 par les USA (22), après que les dirigeants japonais eurent décidé d’ignorer l’ultimatum de Postsdam (signé par Churchill, Truman et Staline) (23), entraînant instantanément avec deux bombes, la mort de plus de 100.000 personnes et la capitulation du Japon. La guerre a saigné l’URSS avec plus de 20 millions de victimes soviétiques. Décrié après la guerre par les soldats d’URSS, à cause des méthodes extrémistes employées par ceux-ci en matières disciplinaire et répressive et par leur manque de véritable valeur combative, le GPU est remplacée par la création du MVD (Ministère des Affaires intérieures ou Ministère de l’Intérieur). En 1946, pour marquer la transition définitive de l’Armée rouge, l’ex milice révolutionnaire, victorieuse de l’axe, devient la puissante armée d’un état souverain, cette dernière devient l’Armée soviétique. La démobilisation à la fin de la guerre fait passer les effectifs de treize à cinq millions d’hommes.
La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions km2 et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils.
N°7 -D- 1949.
« (…)Le réalisme socialiste exige une représentation véridique et profondément artistique de la réalité dans son développement révolutionnaire, de la grandeur du peuple soviétique bâtissant la société communiste. L'affirmation du nouveau dans le domaine de la culture implique une attitude intransigeante envers les influences réactionnaires bourgeoises de toute sorte, envers le nationalisme bourgeois et le cosmopolitisme - cette arme idéologique de l'impérialisme anglo-américain (…) » Exemple de propagande anti-impéraliste des années 1980.
Le 29 août 1949, explose au Kazakhstan la première bombe atomique à plutonium du programme de développement thermonucléaire soviétique (1), entraînant les deux superpuissances dans une course aux armements, la "dissuasion nucléaire" et l’"équilibre de la terreur" (2). Staline meurt en 1953 (3). Le MVD conservera le contrôle de la "sécurité intérieure" (fonctions de police) tandis que le nouveau KGB (4), prenait en charge la "sécurité de l’État", fonctions de police secrète, service de renseignement et police politique. Au niveau religieux, le communisme international devait être l’esprit des peuples, le“Soviet Suprême” prônait l’athéisme le plus total pour réduire l’influence de l’Eglise orthodoxe et les autres confessions et religions sur les populations. Le "Politburo" organe suprême du Comité Central du Parti communiste de l’Union soviétique (PCSU) définissait sa politique, sa ligne directrice et ses dogmes moraux. Les membres du Politburo furent des dirigeants de fait de l’URSS, même s’ils n’occupaient pas de postes dans les structures étatiques ou législatives. Le Politburo éclaire le système, ce saint des saints, cet aréopage, comptait entre 10 (années 1920) et 25 membres (années 1970-80) (5).
Nikita Khrouchtchev (1894-1971) (6), premier secrétaire du parti de 1953 à 1964 inspire la politique de déstalinisation à l’intérieur et de la coexistence pacifique à l’extérieur. En 1955, il est l’artisan du "Pacte de Varsovie" une alliance militaire entre les états du bloc communiste conçu dans le cadre de la "Guerre froide" contre l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) (7), créé en 1949 par les alliés européens qui souhaite l’aide des États-Unis et du Canada pour assurer efficacement leur défense contre un éventuel relèvement de l’Allemagne et à l’Est, la menace communiste. L’URSS écrase la révolution hongroise de 1956 (8) et affronte les USA lors de la "crise de Cuba" en 1962. De 1960 à 1963, Khrouchtchev ne peut empêcher la rupture sino-soviétique entre l’URSS et la République Populaire de Chine (9) de Mao Zedong (1893-1976) (10). En 1957 est mis sur orbite le “Spoutnik” (11) et le premier être vivant dans l’espace, la chienne Laïka. En 1959, est lancée la première fusée sur la Lune et enfin en 1961 le premier homme dans l’espace en la personne de Youri Gagarine (1934-1968) (12). En 1964, Khrouchtchev est écarté du pouvoir par la "nomenklatura" (13) inquiète de la remise en cause de ses privilèges.
Léonid Ilitch Brejnev (1907-1982) (14) dirige ensuite l’URSS de 1964 à 1982. En 1968, 400.000 soldats et 6.300 tanks des armées du Pacte de Varsovie écrase le “Printemps de Prague” (15) du “socialisme à visage humain” de la république de Tchécoslovaquie. En 1972, Brejnev signa avec le président américain Richard Milhous Nixon (1913-1994) (16) l’accord SALT 1 puis en 1979, SALT 2 avec Jimmy Carter (1924-…) (17), engageant ainsi une politique internationale de limitation des arsenaux nucléaires. En 1979, les deux superpuissances sont alors toujours enfermées dans la "guerre froide" comme deux chiens de faïence et la tension reprend à compter à la suite de l’invasion par l’URSS de l’Afghanistan (1979/1989) (18).
Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev (1931-…), arrive au pouvoir en 1985 en prenant la tête du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique). C’est un réformateur, l’économie planifiée, l’ensemble des moyens de production contrôlés par l’État passe à un mode de fonctionnement libéral basé sur l’économie de marché; mais cette "perestroïka" (restructuration économique) (19), n’a pas atteint les objectifs escomptés ayant aggravée les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales, tandis qu’une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (transparence), déclenche des conflits interethniques et la montée des nationalismes, mal perçus par les Russes. l’URSS en 1990 est le plus grand territoire de la planète dont 25,3% en Europe et 74,7% en Asie, contenant plus de 130 peuples et ethnies différentes, Kaliningrad est à 8000 km. de Vladivostock et le nombre total des Soviétiques était estimé à 288 millions, dont plus de la moitié était russe.
Vers 1991, un véritable dualisme du pouvoir s’installe au Kremlin. Avec d’un côté la puissance montante des structures étatiques russes libérées de la tutelle du PCUS, avec Boris Nikolaïevitch Eltsine (1931-2007) (20) en tête, face aux organes du pouvoir soviétique et communiste. Le Pouvoir devenu archaïque et conservateur, qui essayait en vain de freiner les réformes gorbatchéviennes et de préserver le système soviétique. Le 21 décembre 1991, le PCUS est dissout par Gorbatchev. L’URSS s’effondre, les républiques qui la constituaient prennent leur indépendance. Suite à l’aide que les services du KGB apportèrent à la tentative de putch de Moscou d’août 1991, pour renverser Gorbatchev, il cessa officiellement d’exister. Ses services furent divisés en plusieurs branches distinctes dont le Service de sécurité intérieure de l’URSS et devint le FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie). La Russie, qui constituait le noyau historique de l’ex URSS, reprend de l’ancienne grande puissance mondiale les 3/4 de son territoire, plus de la moitié de sa population, les 2 tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole. Boris Eltsine fut le premier président de la fédération de Russie élu au suffrage universel direct, suite à deux mandats il fut président de 1991 à 1999. Ce changement de régime amènera à l’enrichissement d’une minorité (oligarques), au déclin de l’outil économique, à l’affaiblissement de l’État fédéral et à une chute marquée du niveau de vie des Russes. Le désordre économique et politique se prolonge jusqu’en 1998 date à laquelle le système financier russe s’effondre : entre 1990 et 1998 le PIB aura chuté de 45 %. Mais le taux d’alphabétisation reste toujours très élevé, parmi les plus élevés au monde : 99,5 %.
En 1999, à la suite de la démission d'Eltsine, Vladimir Vladimirovitch Poutine (1952-…) (21), est élu président de la Fédération de Russie en 2000 avec 52,72% des suffrages et en 2004 réélu avec 71,22 % des suffrages, il bénéficie de l’envolée du cours des matières premières dont la Russie est l’un des plus grands producteurs mondiaux. Il lance des réformes structurelles visant entre autres à rétablir la « verticale des pouvoirs». Depuis, la Russie connaît une croissance économique remarquable (croissance du PIB de 6 % en moyenne). Ce boom est porté par la montée en puissance du secteur tertiaire (banque, assurance, distribution) et la croissance de la consommation intérieure. Dimitri Anatolievitch Medvedev (1965-…) (22), est le troisième président de Russie, élu en 2008 avec 70,28% des suffrages, à 42 ans; il demande à Vladimir Poutine d’occuper le poste de Premier ministre après son départ du Kremlin et la Douma d’Etat entérine sa fonction à ce poste.
L’URSS, surtout sous Joseph Staline appelé alors communément "le petit père des peuples", dictateur d’un régime totalitaire peuplé d’"apparatchiks", a toujours utilisé les moyens de propagande les plus efficaces pour conforter son pouvoir. La propagande couvrit les murs d’affiches faites d’après des photomontages vantant l’industrialisation, la planification et la collectivisation des terres et le recrutement dans l’Armée rouge. Quand le système de pouvoir pyramidal dérayait, la presse communiquait des statistiques de productions de céréales truquées, comme durant la famine des années 1930. Les manifestations et les grandes parades comme celles de 1935 à Moscou, la parade des "pionniers" en 1930, les défilés sur la Place Rouge à Moscou le 1er mai et le 7 novembre... étaient commentés comme “spontanées”.
Les retouches des photographies (23), comme les fameuses éliminations de documents officiels de Nikolaï Iejov (1895-1940), chef de la police politique jusqu'en 1938, Lev Davidovitch Bronstein dit Léon Trotski (1879-1940), Lev Kamenev (1883-1936), Grigori Zinoviev (1883-1936), Sergueï Kirov (1886-1934)... ainsi que les falsifications de faits dans les encyclopédies, les publications ou les manuels scolaires, étaient de pratique courante. L’histoire était fréquemment réécrite, les événements du passé modifiés de telle sorte que les actions des autorités soviétiques soient toujours dépeintes positivement. L’endoctrinement de la jeunesse dans les écoles et les organisations de jeunesse s’appelaient "les Octobriens" pour les 8 à 10 ans, “les Pionniers” pour les 10 à 15 ans, “les Komsomols” pour les 14 à 25 ans, en référence aux camarades révolutionnaire (24). Le cinéma, en influençant les films du grand cinéaste Sergueï Eisenstein (1898-1948), dont son film de 1927 "Octobre", relate les événements d’octobre 1917, eut le scénario modifié sur ordre de Staline. Les mêmes manipulations se déplacèrent avec les développements techniques des communications, dans l’utilisation de la presse puis de la radio et de la télévision. Dès les années 1920, utilisant le prestige qu’avait alors l’art sur les masses populaires illettrées et incultes libérées de l’ex grande Russie tsariste, la propagande soviétique utilise les techniques les plus modernes de l’impression comme la carte postale et le timbre-poste pour reproduire et diffuser les oeuvres de style réalisme magnifiant le pouvoir comme la célèbre peinture de Boris Eremeevich Vladimirski (1878-1950), "Des roses pour Staline" de 1949.
Tous les artistes peignaient dans le style réaliste socialiste : Isaak Izrailevich Brodsky (1884-1939), Viktor Nikolaevich Govorov (1902-1969), Sergei Alekseevich Grigorev (1910-1980), Vasili Filippovich Ivanov (1928-…), Vladimir Gavrilovich Krikhatzkij (1877-1942), Aleksander Ivanovich Liaktionov (1910-1972), Alexei Stepan Mikhailovich Karpov (1890-1930), Konstantinovich Nesterenko (1911-1940), Peter Panteleimonovich Parkhet (1907-…), Vasili Andrianovich Saicenko (1912-1985), Grigori Efimovich Shpolyanski (1899-1980), Vladimir Mikhailovich Sinitski (1896-1980), Karp Demyanovich Trokhlmenko (1885-1980), Aleksei Aleksandrovich Vasilev (1907-1975), Ivan Alekseevich Vladimirov (1869-1947), etc...
La sculpture soviétique officielle de Vera Moukhina (1889-1983) est très connue parce que sa statue "Ouvrier et kolkhozienne" fut érigée sur le toit du pavillon de l’union soviétique à l’exposition universelle de Paris en 1937 juste en face du pavillon allemand qui lui avait été surmonté par les nazis d’un aigle posé au dessus d’une croix gammée colossale. C’est dans cette même exposition universelle que Picasso avait exposé "Guernica" au pavillon de l’Espagne républicaine. D’autres sculpteurs célébrèrent le CCCP comme les sculpteurs: Yevgeny Viktorovich Vuchetich (1908-1974), qui eut le prix Staline pour les arts en 1947, Lew Kerbel (1917-2003), Matvej Manizer (1891-1966), Jewgeni Wiktorowitsch Wutschetitsch (1908-1974). Les gravures d’affiches de l’entre-deux-guerres avec des artistes tels Viktor Deni (1893-1946), Alexandre Deineka (1899-1969(, Vatolina (1915-2002), ou après guerre avec la production du groupe Kukryniksy sont de véritable chef-d’oeuvre des arts graphiques de la propagande (25).
C’est le réalisme soviétique, ou jdanovisme (mot élaboré à partir du nom du secrétaire du PCUS Andreï Jdanov (1896-1948) (26), qui doit bannir toute forme abstraite ou irréelle pour privilégier la représentation d’une réalité magnifiée par le communisme. Le contrôle et la mainmise du parti sur le monde culturel atteint sont paroxysme entre 1945 et 1953, la culture doit se mobiliser entièrement derrière le parti qu'elle doit servir. A partir de 1946, Jdanov définit une nouvelle conception de la création artistique, valable pour tous les pays. Il formule des directives concernant la création artistique et la pensée scientifique réunies sous l'appellation de "réalisme socialiste" et y dénonce les comportements à dominante "formaliste".
La crise de l'esthétique bourgeoise-révisionniste devait immanquablement amener la victoire du projet socialiste:
« Les esthéticiens bourgeois tirent leurs arguments théoriques, esthétiques et philosophiques des divers courants de la philosophie idéaliste. Ils recourent à l'idéalisme subjectif et y cherchent des arguments philosophiques à l'appui du modernisme. Ils soutiennent l'idée que le “flux”, le “torrent” des sensations et du vécu subjectif de l'homme est l'unique objet de l'art. L'idéalisme subjectif prétend que l'homme n'est en contact qu'avec sa propre expérience, qu'il n'est conscient que de cette expérience, de ses éléments, de son vécu et de ses perceptions, qu'il doit rejeter tout ce qui leur est étranger, faute de quoi, il lui faudrait admettre qu'il existe, au-delà de son expérience, quelque chose qu'il ne peut pas connaître. Pour la philosophie de l'idéalisme subjectif, il n'y a que le moi et rien d'autre. Se fondant sur cette thèse idéaliste qui nie l'existence objective du monde matériel, de nombreux esthéticiens modernistes considèrent l'art comme un moyen d'“auto-expression” de l'artiste, en ignorant totalement le monde extérieur. » L'“affranchissement” de l'art du rationnel est considéré par l'esthétique bourgeoise révisionniste comme une voie de salut pour les artistes, qui subordonnent ainsi l'acte créateur à l'influence d'une force naturelle, de l'instinct, pour lui ôter tout caractère idéologique. C'est pour cette raison qu'ils soutiennent le primitivisme, l'enfance de l'art, car selon eux, l'homme primitif, les enfants, sont moins socialisés, ils sont allégés des “super-strats” des préjugés sociaux et idéologiques. L'esthétique bourgeoise présente ses idoles comme des enfants qui regardent le monde et le reflètent dans leurs oeuvres avec naïveté, avec une sincérité et une pureté propres à l'enfant, sans engagements idéologiques. »
« C'est précisément cette culture, souligne le camarade Enver Hoxha (1908-1985) (27), couverte d'un vernis apparent, accompagnée d'une publicité bruyante, traitée de la manière la plus commerciale et soutenue et financée par la bourgeoisie, qui inonde les écrans de cinéma et de télévision, les revues, les journaux et la radio, tous les moyens d'information et de propagande de masse. Son but est de transformer l'homme simple en un consommateur passif des idées empoisonnées bourgeoises, de faire de cette consommation une nécessité et une habitude. »
« Actuellement, les esthéticiens bourgeois révisionnistes, se donnent beaucoup de peine pour cacher les symptômes de la crise de leur esthétique et pour les présenter comme une expression de sa «vitalité». Leur argument essentiel, c'est la rapidité, avec laquelle les nouvelles petites écoles du post-modernisme se substituent l'une à l'autre. Ces 20 à 30 dernières années, on a vu se répandre nombre de variantes et de termes nouveaux comme le pop'art, l'op'art, l'art cinétique, la poésie concrète, la littérature, l'art cybernétique, l'art électronique, le body-art, le kitch-art, (…) La métamorphose permanente du modernisme et du post-modernisme est devenue l'une des expressions les plus importantes de la crise qui s'est abattue sur l'art bourgeois-révisionniste. »
Jean-Bernard Pouchous - 2009.
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160 x 195 cm., A/t., 2006

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