

107 x 78 cm., mine de plomb et gesso sur carton, 1983

107 x 78 cm., mine de plomb et gesso sur carton, 1983

107 x 78 cm., mine de plomb et gesso sur carton, 1983
Autoportrait
"Autoportrait N° 2", 1983, mine de plomb et gesso sur carton, 107 x 78 cm.
« L’autoportrait littéraire diverge aussi de manière assez radicale de l’autoportrait pictural. Le mot autoportrait évoque spontanément des peintres plutôt que des écrivains, il évoque Rembrandt plutôt que Montaigne, Bacon plutôt que Leiris; dans le contexte littéraire, il est invariablement métaphorique, et c’est la raison pour laquelle il est insatisfaisant. La comparaison entre les arts risque toujours de se faire au détriment de leur spécificité. Or un texte ne figure pas un individu comme le fait une toile peinte. » Natacha Allet (1).
Jean-Bernard Pouchous, un homme d’après guerre, des trente glorieuses, de mai 68, de l’an 2000 ou du XXI e. siècle.
Jean-Bernard Pouchous est un peintre français né le 02 mai 1949 à Rennes, d’une mère savoyarde et d’un père breton. 1949, c’est encore l’après guerre, c’est l’année de l’instauration du blocus de Berlin par Staline (1978-1953), de la création de la RFA (République Fédérale Allemande) et de la RDA (République Démocratique Allemande). Enfant du "baby boom" (2), il a grandi jusqu’à l’adolescence à Annecy (Haute-Savoie) avant de faire des études artistiques à Grenoble puis à Paris dans les dernières années des "Trente glorieuses" (3).
Pouchous avait 19 ans pendant les événements de "mai 68" (4), auxquels il participa activement. Pouchous a 40 ans quand en 1989, à la surprise générale le "Mur de Berlin" construit en 1961 (5), tombe engageant la fin de la "Guerre froide" qui opposait en Europe dans une atmosphère atomique, russes et américains, communisme et capitalisme, Est et Ouest ... (6).
Contextualisons le personnage avec un peu d’histoire, de sociologie et de politique ! Fruit de la rencontre d’un résistant et d’une indigène, agent de liaison, aux confins du plateau des Glières, Pouchous a attendu l’après guerre pour venir au monde dans ce que l’on appelle aujourd’hui le "baby-boom". Le "baby boom" en opposition a "baby crash" (7) est une expression anglaise désignant à l’origine l’augmentation des naissances survenue dans les pays développés après la Seconde Guerre mondiale et ayant culminé dans les années 1960. La reprise de la fécondité au lendemain de la dernière guerre mondiale a concerné la plupart des pays européens, mais surtout ceux de l’Ouest, ainsi que les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle a également concerné quelques pays ayant une population d’origine européenne, comme l’Argentine et le Chili. Contre toute attente, la fécondité commence à remonter un peu à partir de 1942/1943, puis plus brusquement au lendemain du conflit. Elle se maintient à un niveau élevé pendant vingt ans, avec deux pointes, la première en 1945 et la seconde en 1964. Pendant toutes ces années, le nombre moyen d’enfants par femme a oscillé entre 2,7 et 3. Il n’y avait pas beaucoup plus de familles nombreuses mais il y avait moins de couples sans enfant ou à enfant unique. Le baby-boom s’achève en 1965, année à partir de laquelle la fécondité décline rapidement. Ce phénomène a déséquilibré les relations générationnelles.
Pouchous, "baby-boomer", fera partie de l’armée de vieux qui vivront peut-être, plus longtemps en retraite qu’au travail. Mais qu’est-ce que la retraite pour un artiste peintre, qui sait rester éternellement jeune et productif ?
Jean-Bernard Pouchous - 2000.
Bibliographie :
-1- Natacha Allet, Le gouffre insondable de la face, Autoportraits d’Antonin Artaud, éd. La Dogana, coll. image, 2005.
-2- Agence France-Presse, 1945-1950 - La France du baby-boom, éd. la Découverte, 1991.
-3- Jean Fourastie, Les Trente Glorieuses, coll. pluriel, éd. Hachette littérature, 2004.
-4- Michel Gomez, Mai 68 au jour le jour (pack 6), éd. Esprit frappeur, 1999.
-5- Philippe Demenet, Le mur de Berlin 1961-1989, Bayard jeune, coll. J’ai vécu, 2007.
-6- Henri Eyraud, La fin de la guerre froide, éd. Presse universitaire de Lyon, coll. Conflits contemporains, 2004.
-7- Fred Pearce, Peoplequake : From baby Boom to the Coming Population Crash, éd. Eden Project Books, 2010.